Avant l'établissement du cadastre napoléonien au début du XIXème siècle, nous disposons d'un remarquable plan d'Amiens et des hortillonnages daté de 1542 et précieusement conservé aux Archives départementales de la Somme.
Ce plan, un dessin en couleurs sur parchemin de 108 sur 203 cm, dû à Zacharie de Célers, est ainsi légendé par les services des archives :
"Amiens et les hortillonnages en 1542". Seigneurie sur la Somme de Camon à Montières. (Arm. II, l. 11, n° 14). — Plan de la ville d'Amiens et du cours de la Somme jusqu'à Camon. "Ceste figure a esté en la présence de nous soubzsignez accordée en tout et par tout par G. Le Carron, procureur de chappitre, assisté du doyen et autres de l'église, et par J. Castellet, procureur de la ville, assisté de M. Le Brun et autres, le XXe jour de may MVc XLII. P. de Flavigny. J. Griffon. J. Cornet. De Sains" (Source A.D.S. Cote RL 90)
Site Web : http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011353927000AzA4i8/1/1
Au début du XIXème siècle (1813), l’étendue et la configuration des hortillonnages sont bien repérables sur les remarquables plans cadastraux napoléoniens, notamment sur les sections suivantes:
Sur AMIENS :
La section K (et suivantes) dite de la Neuville:
http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011261412571rxahZ9/1/1
http://archives.somme.fr/ark:/58483/a0112614125716QQyaA/1/1
http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011261412571C0I3lZ/1/1
http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011261412571UOUV45/1/1
La section M, Faubourg Saint Pierre (plan au 1/2500. Source A.D.S. Cote 3P 1162) nous précise, dans sa partie sud, le parcellaire des hortillonnages appuyé sur la rivière. Le lieudit noté pour ce secteur est significatif : « les aires de St Pierre ».
Nous retrouvons sur la section M dite du « Petit Rivery » (plan au 1/2500. Source A.D.S. Cote 3P 1162), en limite de commune à l’est, avec Rivery, l’étendue et les contours du marais de Rivery (partie sud de la section).
La section N : la Voyerie (plan au 1/1250. Source A.D.S. Cote 3P 1162), située en limite de commune avec Rivery nous détaille le secteur des hortillonnages, accolé, au nord, au cours de la Somme, dans un coude de celle-ci, et s’étend de part et d’autre de la Petite Somme.
La section O, la Vallée (plan au 1/1250. Source A.D.S. Cote 39 1162) correspond au Faubourg de Noyon. Les jardins sont appuyés, au nord, sur la rivière. Les lieux dits : au Pont de la Voierie, le Plein Seau
La section Q et R : la Neuville – Saint Acheul (plan au 1/2500). (source A.D.S. Cote 3P 1162) : est peu concernée
La section S : le Plein Seau (plan au 1/1250. Source A.D.S. Cote 3P 1162) correspondant au quartier de la Neuville nous renseigne sur les terrains situés dans la partie nord du plan. Lieudit : A la carrière
Sur RIVERY :
La section C et partie de D (Le Chemin de Corbie et Les Aires) (source A.D.S. Cote 3P 1232)
http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011261412568Oqtoam/1/1
La section D (Les Aires) (source A.D.S. Cote 3P 1232)
Sur CAMON :
La section G2 (Camons) (Source A.D.S. Cote 3P 1578/8)
http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011261412571C0fm82/1/1
La section H (Camons) (Source A.D.S. Cote 3P 1578/9)
Ch'Coucou:
Situé sur le bord du chemin de halage, cet établissement offrait des possibilités de restauration. On pouvait également y louer une barque pour s’aventurer dans les rieux des hortillonnages.
(propriétaire Arthur Bruyez dit Briez)
Ché Paul:
A l’emplacement de cette belle demeure située sur les bords de la Somme et proche de l’ancien port à fumier (aujourd’hui quai d’embarquement au bout de la rue Victor Mauduit) aurait été située une ancienne guinguette connue sous l’appellation de « Ché Paul » (Source : Devianne G., n.d.)
Café de Mme Farine:
Le café de Mme Farine: Selon Pierre Beauvais (cité par G. Devianne) : « Visible du chemin de halage, au confluent de l’Avre et de la Somme, le « café » de Mme Farine, la « madame Claude » du » secteur. Maison en ruine, inexistante sur le cadastre, elle fut vendue à l’époque à une personne de Longueau. Il ne resta à cette personne (qui avait vendu son domicile pour cette acquisition) que ses yeux pour pleurer… la « maison », officiellement, n’existait pas ! » (Devianne G. (n;d.), pp. 118-120. Les cafés de Camon).
Le petit pont de Camon: Au pied de ce petit pont, vous avez accès aux hortillonnages en prenant le chemin de halage. Les parkings à proximité vous offrent des facilités pour stationner votre véhicule...
Le blason de la ville : Camon, l’une des quatre communes (avec Amiens, Rivery et Longueau) où s’étendent les 300 hectares des hortillonnages, a repris pour son blason, un motif illustrant une hortillonne manoeuvrant à l’aide d’un aviron sa barque à cornet chargée de légumes.
Ce blason créé à l’initiative de la municipalité en 1960 rappelle l’importance de la culture maraîchère pratiquée par des générations d’hortillons.
G. Devianne nous en donne la description suivante : « de gueules au soleil levant d’or chargé d’un bateau d’hortillon au naturel flottant sur une onde d’azur, accompagné en pointe de deux roses de gueules »
Ce blason figurera par la suite parmi les motifs retenus par la municipalité pour la frappe, en 1998, de la médaille de la ville
Site Web : http://camonpassionnement.pagesperso-orange.fr/blasons.htm
On trouvera également une représentation stylisée de ce blason dans un site dédié à l’armorial des villes et des villages de France.
« De gueules au bateau d'hortillon au naturel flottant sur une mer d'azur, brochant sur un soleil issant d'or et soutenu de deux roses de gueules .
Ce blason, créé à l'initiative de Lucien Jovelin, maire, et de la municipalité en 1960, rappelle l'importance de la culture maraichère pratiquée de toute ancienneté dans les "hortillonnages" de Camon, ces jardins qui ne sont accessibles qu'en "batieux-cornets", barques spéciales des jardiniers.qui viennent vendre au marché sur l’eau, à Amiens. Les roses placées en pointe du blason sont des allusions aux « Roses de "Picardie" célébrées par la chanson rendue célèbre par les soldats anglais après la cruelle bataille de la Somme de 1916 » .
(Jacques Dulphy)
Site Web : http://armorialdefrance.fr/page_blason.php?ville=2325
Peu apprécié par les hortillons et nos maraîchers contemporains pour les dégâts qu'il occasionne, le campagnol est très présent dans les hortillonnages.
Ce rongeur dont l'une des espèces est particulièrement adaptée aux milieux humides, occupe surtout les canaux, ainsi que les marais pourvus d'une végétation abondante, puis les berges qu'il fragilise en creusant son terrier.
L'inauguration, le 31 août 1825, du canal d'Angoulême (1) par la duchesse de Berry donna lieu à des festivités auxquelles participèrent la corporation des hortillons. Cette cérémonie fut immortalisée par quelques illustrations, comme les lithographies de Le Peudry, Delaporte, déposées aux archives départementales. La première sur l'ouverture de l'écluse (Source A.D.S. Cote 1 FI 29) , la seconde montrant l'arrivée de la Duchesse au Pré Porus (Source A.D.S. Cote 1 FI 30)
(1) que l'on nommera par la suite "Canal de la Somme"
DOCUMENTS :
Fonds Archives départementales de la Somme
Site Web : http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011353926999tYPI1I/1/1
Site Web : http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011353926999nTrXdS/1/1
Fonds Macqueron (Bibliothèque d'Abbeville)
Plan et profil des pentes du canal du duc d'Angoulême [suivi d'un] Tableau des longueurs, pentes et hauteurs des écluses. LANGLUMÉ (lith.) DESMADRYL ainé (atelier, rue de la Perle N°1)
Site Web : http://www1.arkhenum.fr/bm_abbeville_macqueron/_app/visualisation.php?id=363
Documents : Fonds A. et L. DUTHOIT
Canal du Hocquet
Site Web : http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011261413626o9uZbh/1/1
Les carex retiennent les berges de nos rivières ou de nos étangs. On regroupe sous les appellations « carex » ou « laîches », une grande variété de fausses graminées qui colonisent les zones humides comme les bords du fleuve et des étangs.
Les carex avec leurs feuillages denses et persistants offrent un hébergement idéal pour de nombreuses espèces animales des zones humides. De plus, leurs graines sont la nourriture de nombreux oiseaux.
La grande diversité des carex apparaît sur la planche ci-dessous éditée par le CRDP de Besançon.
Site Web : http://crdp.ac-besancon.fr/flore/nom_com/laiche.htm
□ Les « Catelain » sont très certainement l’une des plus anciennes familles d’hortillons.
□ A la fin du XVème siècle, cette famille (Jehan et Gilles Castellain) est, avec d’autres hortillons, signataire d’une supplique adressée à l’échevinage (le 17 décembre 1492) afin de solliciter le passage de leurs barques par la « Barbaquène», cette ouverture étroite au niveau du Pont du Cange alors close de jour comme de nuit pour des raisons de sécurité… (cité par A. Janvier, 1889, qui précise par ailleurs qu’un membre de cette famille est conseiller municipal d’Amiens lorsqu’il rédige son ouvrage)
□ L’un d’eux, alors membre de la Société d’horticulture d’Amiens à la fin du XIXème siècle, rend compte de la vie des hortillons à cette époque. Ses propos seront repris par H. Baudrillard lorsque celui-ci se verra confié en 1881 une mission par l’Académie des sciences morales et politiques sur « l’état moral des populations agricoles de la Picardie »
BIBLIOGRAPHIE :
BAUDRILLARD H. (1881). « Etat moral des populations agricoles de la Picardie » in Les populations agricoles en France, Journal des économistes, Ed. Guillaumin et Cie, Paris, T. XIIIème, janv. à mars 1881, p. 386-417.
JANVIER A. (1889). Les Clabault, famille municipale amiénoise 1349-1539, Libr. Hecquet-Decobert, Amiens, Impr. A. Douillet et Cie
Extrait de l’ouvrage d’A. Janvier (1889)
Notre majestueuse cathédrale a toujours été un sujet privilégié traité par les artistes.
En 2015, c'était au tour des auteurs de bd de nous offrir une remarquable exposition "Cathédrale d'Amiens et 9ème art".
La collection des originaux produits, acquise par le Musée de Picardie, est aujourd'hui conservée dans le fonds d'art graphique contemporain du musée.
Nous ne résistons pas à renvoyer vers le site ci-dessous où l'internaute pourra avoir accès à une sélection de ces oeuvres
Site Web : http://bd.amiens.com/des-images-tirees-de-lexposition-cathedrale-damiens-et-neuvieme-art/
DOCUMENTS :
Fonds Macqueron (Bibliothèque d'Abbeville)
1. Tableau BALAN. Vue prise du pont du don avec la cathédrale en arrière-plan. BALAN (del. et lith.)
Site Web : http://www1.arkhenum.fr/bm_abbeville_macqueron/_app/visualisation.php?id=1339
2. Vue latérale de la Cathédrale : à Amiens. CHAPUY (del.)/BICHEBOIS (lith.)/ADAM (V.) (fig.)
Site Web : http://www1.arkhenum.fr/bm_abbeville_macqueron/_app/visualisation.php?id=1350
3. AMIENS. Cathédrale et marché sur l’eau. Amiens. DOLBY (E.) (del. Et lith.)
Site Web : http://www1.arkhenum.fr/bm_abbeville_macqueron/_app/visualisation.php?id=1173
4. Amiens : le Marché sur l'eau et la Cathédrale. Paris : Hélio LÉVY & NEURDEIN Réunis. CI. ND & LL
Site Web : http://www1.arkhenum.fr/bm_abbeville_macqueron/_app/visualisation.php?id=1176
5. Amiens : vue générale prise du Pont Rouge. BALAN (Dessiné et lithographié) LEMERCIER (Lith. de) (à Paris)
Site Web : http://www1.arkhenum.fr/bm_abbeville_macqueron/_app/visualisation.php?id=1178
La cathédrale et le marché de hortillons. Etude sur quelques oeuvres
Site Web : http://art-figuration.blogspot.fr/2013/05/amiens-cathedrale-et-marche-des.html
Dessin de Charles Mozin publié par Pierre Brost
Vue sur la cathédrale
Nous disposons de quelques récits d’hortillons (ou d’hortillonnes ! (1), heureusement retranscrits dans quelques publications et qui sont autant de témoignages précieux pour mesurer la dureté de leur métier, leurs conditions de vie, leurs relations au sein d’une communauté, etc.
Robert Cauchetiez, un ancien hortillon de la Neuville (avant de quitter le métier pour occuper un poste de mécanicien dans les Ets Debouverie), dont les propos ont été largement repris par Agricola, Fouquet, Bergeon et Lepagnez (1984), est l’un d’eux. Il nous rappelle par exemple l’investissement de l’hortillonne (qui ne sera jamais démenti dans les différentes publications que nous ayons eu à analyser), sur le transport parfois périlleux des denrées vers le marché sur l’eau et l’organisation de leurs ventes…
« C’étaient des femmes extrêmement solides, fortes, puissantes et courageuses… », « Ah ma mère était une personne très dure ! Comme toutes les hortillonnes, les Crampon, Manier, Dumeige, Damenez, etc. Bien sûr, elles adoraient leurs enfants mais elles les menaient durement. Je me souviens, étant jeune homme, j’étais comme les autres, je sortais avec des camarades. Sur le coup de trois heures du matin, quand on revenait du bal, à peine le temps de changer de vêtements et hop… il fallait aller couper les légumes ! On roupillait littéralement. Elles étaient très dures parce que le légume n’attend pas ».
« Songez qu’à partir du mois de mai, elles se levaient vers une heure du matin, partaient à pied à la Neuville ou de Camon pour rejoindre le marché Parmentier. Trois kilomètres rien que pour la rue de Verdun. Elles arrivaient vers deux heures un quart place du marché où les attendaient les bateaux qu’on avait amené la veille. Et jusqu’à la fin, vers onze heures du matin, elles tenaient le coup, elles assuraient la vente. Et puis elles revenaient, faisaient leurs commissions, préparaient à manger pour les hommes, et à quatorze heures repartaient dans les terres jusqu’à vingt et une heures… Elles dormaient l’hiver ! Elles se refaisaient une santé après le mois d’octobre. Mais pendant six mois elles tenaient ce rythme de vingt heures de travail par jour »
(1) Le plus important reste le témoignage de Laetitia qui fut intégralement publié par A. Scalbert.
BIBLIOGRAPHIE :
Agricola, Fouquet, Bergeon et Lepagnez (1984). Amiens… son marché sur l’eau. Plaquette illustrée éditée par Le Courrier Picard et le Crédit Agricole
CAUCHETIEZ Robert XXXX
La « Charte de l’environnement » a été adossée à la Constitution de la Cinquième République par la loi constitutionnelle n° 2005-205 du 1er mars 2005
« Le peuple français,
Considérant :
Que les ressources et les équilibres naturels ont conditionné l'émergence de l'humanité ;
Que l'avenir et l'existence même de l'humanité sont indissociables de son milieu naturel ;
Que l'environnement est le patrimoine commun des êtres humains ;
Que l'homme exerce une influence croissante sur les conditions de la vie et sur sa propre évolution ;
Que la diversité biologique, l'épanouissement de la personne et le progrès des sociétés humaines sont affectés par certains modes de consommation ou de production et par l'exploitation excessive des ressources naturelles ;
Que la préservation de l'environnement doit être recherchée au même titre que les autres intérêts fondamentaux de la Nation ;
Qu'afin d'assurer un développement durable, les choix destinés à répondre aux besoins du présent ne doivent pas compromettre la capacité des générations futures et des autres peuples à satisfaire leurs propres besoins,
Proclame :
Article 1er. - Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé.
Article 2. - Toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l'amélioration de l'environnement.
Article 3. - Toute personne doit, dans les conditions définies par la loi, prévenir les atteintes qu'elle est susceptible de porter à l'environnement ou, à défaut, en limiter les conséquences.
Article 4. - Toute personne doit contribuer à la réparation des dommages qu'elle cause à l'environnement, dans les conditions définies par la loi.
Article 5. - Lorsque la réalisation d'un dommage, bien qu'incertaine en l'état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d'attributions, à la mise en œuvre de procédures d'évaluation des risques et à l'adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage.
Article 6. - Les politiques publiques doivent promouvoir un développement durable. A cet effet, elles concilient la protection et la mise en valeur de l'environnement, le développement économique et le progrès social.
Article 7. - Toute personne a le droit, dans les conditions et les limites définies par la loi, d'accéder aux informations relatives à l'environnement détenues par les autorités publiques et de participer à l'élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur l'environnement.
Article 8. - L'éducation et la formation à l'environnement doivent contribuer à l'exercice des droits et devoirs définis par la présente Charte
Article 9. - La recherche et l'innovation doivent apporter leur concours à la préservation et à la mise en valeur de l'environnement.
Article 10. - La présente Charte inspire l'action européenne et internationale de la France ».
Source : Legifrance
Nous avons développé ce sujet précédemment. Voir Page "HORTILLONNAGES / Charte"
Le témoignage de Laetitia...
sur la chasse à la hutte pratiquée dans les hortillonnages
"Quand c’était d’la tempête, on voyait tous ces oiseaux-là et pis des canards, quand c’est l’hiver, on voyait tout ça, des oies, des cygnes, on voyait tout ça de temps en temps, c’était pas journellement, mais on voyait tout ça. Je n’allais pas souvent à la hutte, j’aimais pas ça, j’y ai été plusieurs fois avec ma patronne. (Mme Ponthieu l’aïeule), elle, elle aimait bien y aller et elle pouvait pas me laisser seule, moi, j’aimais pas, bon, pis tout de suite il fallait y aller à quatre, alors là-bas, il y avait un lit, celui qui était fatigué, y pouvait se reposer.
Elle était bien. Y avait la lumière, y avait l’électricité, y avait tout, y avait un p’tit parterre, y avait un feu, y avait à manger de tout ; tout ce qu’on voulait. Et puis, tout l’tour, il était comme ça, vous savez avec une petite bordure, on s’appuyait là-dessus, et pis il y avait des p’tits créneaux comme ça tout autour, une petite planche qu’on poussait, y avait des tapis pour pas qu’ca fasse du bruit, il y avait une p’tite qu’on poussait et pis : « oh y en a, y en a des beaux. » Alors les hommes y v’naient avec leur fusil à ces créneaux, y s’mettaient en mouvement, un, deux, « tu tires, t’es prêt ? Un deux, poup ! tire !; » Pis les canards ils étaient là, parce que on y attachait des canards par leurs pattes, c’est comme ça qu’on faisait les canards de… comme j’vous dis, les appelants, c’est comme ça qu’on disait, on faisait les appelants et puis on les attachait par une patte à une très longue corde, on faisait ça, on les attirait, on faisait ça, pis, ils s’en allaient tout doucement dans l’eau. Alors quelquefois, on n’allait pas les ramasser : on va faire sauver ceux qui voulaient encore s’poser. On allait les ramasser un peu plus tard. Et pis, c’était comme ça, ça avait son charme, quoi ! ». (SCALBERT Augustin … / signalé par G Devianne, N.D., pp.28, 29)
□ Comme le précisa A. Arcelin (1914), la chasse aux cygnes consistait « à rassembler les couples avec leurs jeunes, à procéder au récolement des vieux et à la marque des jeunes. Ceux-ci étaient marqués au bec à l’aide d’un fer chaud, aux armes de leur père et mère qui étaient celles du Seigneur à qui ils appartenaient. En cas de « forlignage », la moitié se marquait aux armes du père et l’autre moitié aux armes de la mère. Le sort désignait à qui les impairs devaient revenir. Le cérémonial de la chasse faisait l’objet d’un procès-verbal qui était rédigé par les soins des officiers de justice…. »
BIBLIOGRAPHIE :
ARCELIN A. (1914). Histoire des paroisses, villages et seigneureries de Saint-Christ Briost et Cizancourt, Impr. Bellin, Montdidier, Librairie Lechevallier, Paris
FOUCART Jacques XXX
DOCUMENTS :
BIBLIOGRAPHIE :
MOREAU J.G., DAVERNE J.J. (1848). Manuel pratique de la culture maraîchère de Paris, Impr. Mme Vve Bouchard-Huzard, Paris
Les centaines de plaques de verre de ce photographe constituent l'un des plus importants fonds photographiques pour notre département et pour le début du XXème. Ce fonds exceptionnel est géré par la Société des Antiquaires de Picardie.
DOCUMENTS :
Fonds de la Société des Antiquaires de Picardie :
Portrait de Chenu. Plaque de verre (1900-1910) (Cote 14 FI 72/52)
Site Web : http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011353927002SOMvuR/1/1
L’abondante documentation que constituent les cartes postales ou encore les photographies du début du XXème siècle nous renseigne sur les habits portés quotidiennement par les familles d’hortillons. Pour travailler, l’hortillon comme l’hortillonne porte en général des vêtements amples et robustes.
Si l’homme est le plus souvent coiffé d’une casquette ou d’un chapeau de paille l’hortillonne porte une capeline reconnaissable sur les documents d’époque. Cette coiffe blanche protégeait la nuque et avançait en avant du visage, grâce à de petites baguettes de bois, baleines ou morceaux de carton qui maintenaient l’étoffe.
Elle pouvait également porter la « marmotte», ce simple foulard à carreaux ou à rayures de grande taille, que l’on nouait derrière la nuque ou sous le menton.
L’hortillonne était par ailleurs vêtue, la plupart du temps, d’un « caraco", chemisier ample et boutonné haut et d’un « cotron », ample jupe de serge gonflée par des jupons, possédant une poche intérieure où l’on pouvait mettre quelques sous mais plutôt un morceau de pain lorsqu’on allait aux champs. Un grand tablier complétait l’habillement.
Les Hortillons ont longtemps porté un costume particulier, à l’occasion de fêtes et de célébrations : un long gilet bleu avec une large camisole de laine rouge, le haut-de-chausses noir et des guêtres.
C’est dans ce costume qu’ils se présentèrent par exemple, réunis au sein de leur corporation, le 31 août 1825, devant la duchesse de Berry venue inaugurer le canal d’Angoulême, rebaptisé par la suite « canal de la Somme » (Sources : V. Brandicourt (1902)
DOCUMENTS :
Artichauts, betteraves rouges, blettes, carottes, céléri, choux, choux fleurs, navets, poireaux, pommes de terre, radis ... sont parmi les légumes les plus cultivés aujourd'hui dans nos hortillonnages, sans oublier les plantes aromatiques puis les légumes anciens remis au goût du jour comme les topinambours, les radis noirs, etc.
Quant à la salade avec ses nombreuses variétés, elle reste la reine des hortillonnages !
Un aperçu des cultures pour la fin du XIXème siècle...
Un document intéressant, daté de la fin du XIXème, est annexé à la publication de Th Rattel (1890). Il s’agit du plan d’ensemble d’une culture maraîchère et horticole située dans les hortillonnages de la vallée de la Somme près d’Amiens (communiqué par Maître O. Legras, avocat à Rouen), 26 avril 1889.
Ce plan, étonnamment précis, nous renseigne sur la répartition et la variété des plantations, sur le nombre de pieds, de mannes, de bouquets…au niveau d’une parcelle. Légumes, plantes aromatiques, petits fruits rouges et fleurs sont judicieusement répartis.
Ce document précise le nom et l’adresse des propriétaires : Aire donnant sur le chemin de halage de la Somme canalisée. Propriétaires : Cresson Alfred, propriétaire maraîcher, rue de la Voirie, 105 / Azeronde, rentier, ancien maraîcher, rue de la Voirie, 199 / Tabourel E., horticulteur, membre de la Société d’Horticulture de Picardie, 233 rue de la Voirie / Domont, propr. maraîcher, faubourg St Pierre / Catlain, pror. maraîcher, rue des Granges, 33 / Thuillier, rentier, ancien maraîcher, rue de la Voirie, 127 / Mouy, rentier, ancien maraîcher, rue du Marais, 7 / AZERONDE, commissaire local maraîcher à la Neuville-les-Amiens.
Sur ce plan manuscrit, daté de 1889, étaient reportés précisément par les maraîchers, propriétaires ou locataires, le programme de leurs plantations pour l’année.
Parmi les principaux légumes, nous notons la présence prédominante de la salade (avec plusieurs variétés : laitues, romaines, scaroles), de la pomme de terre (la Marjolaine), des choux (demi-cœur de bœuf, choux frisés), de poireaux. Des planches sont réservées aux fraisiers, à l’oseille et l’estragon accompagnés de muletiers. Cassissiers et poiriers prennent place dans les plates-bandes. Parmi les fleurs, œillets blancs, rosiers, anémones, muletiers…
Notons également la présence de l’églantier
Ce document mentionne par ailleurs le nombre de « charges » et donc de récoltes : une à trois charges pour l’année. Il nous donne quelques indications intéressantes sur la production et le prix que pouvait en tirer l’hortillon. Ainsi, concernant la pomme de terre Marjolaine, 18 rangées, de 40 pieds l’une, produisaient chacune 2 mannes à 1 franc 50 la manne. 22 rangées de 16 pieds de fraisiers produisaient chacune 500 g. de fruits, valant 0,40 ; la manne de groseilles était vendue 0,60. Le chrysanthème rapportait 0,25.
J’ai tenté une conversion en recourant à wikipédia ; je vous la livre tout en notant qu’il faudrait la valider…
En 1900, 1 franc équivaudrait à environ 18 de nos francs en 1999, avant le passage en euros. Vers 1850, les salaires moyens pour 12 heures de travail auraient été à l’époque de 3 francs 60 pour les hommes et de 1 franc 50 pour les femmes.
Une journée de travail de la femme équivaudrait donc à une manne de pommes de terre de 1franc 50 en 1890 !
Une ordonnance rendue par Bruno d’Agay, intendant de Picardie, au sujet du curage et de l’entretien des canaux des hortillonnages, en date du 23 juillet 1772 est conservée aux archives départementales de la Somme (réf. : 1 C 1363/3).
« Le mauvais entretien des canaux par leurs propriétaires ainsi que celui des moulins par le chapitre cathédral a entraîné de nombreuses inondations. Les canaux doivent être mis à sec pendant huit jours et devront être curés par les propriétaires de parcelles et les meuniers » (A.D.S. 1996, P. 44).
BIBLIOGRAPHIE :
Archives départementales de la Somme, De Somme et d’eau. Vivre avec l’eau en pays de Somme (XVIè – XIXè siècles), Catalogue d’exposition, Amiens, 1996, 70 pages.
SOURCE :
Requête du 9 juillet 1772 (Source A.D.S. : Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790 (1888), série C ( Intendance de Picardie, cours d'eau, usines, p.432) -
Site : http://viewer.ad80.mnesys.fr/accounts/mnesys_ad80/datas/medias/PDF/C/c_inventaire_t2.pdf)
"1772-1773. — Cours d'eau et usines. SOMME. — Requête du chapitre de la cathédrale d'Amiens à l'Intendant, à l'effet d'obliger les riverains de la Somme à curer ladite rivière, pour empêcher les hortillons d'être inondés. Amiens, 9 juillet 1772. — Mémoire des officiers municipaux d'Amiens, sur ladite requête. 16 juillet 1772. — Ordonnance de l'Intendant, faisant droit à la requête du chapitre. 23 juillet 1772. — Mémoire des officiers municipaux d'Amiens, sur une requête de plusieurs propriétaires voisins des canaux à curer, réclamant contre ladite ordonnance. 20 août 1772. — « Extrait du registre aux délibérations des officiers municipaux de la ville d'Amiens », fixant à 506 l. la part contributive de la ville audit curement. 12 novembre 1772 (Expédition du 23 novembre), — etc."