A l'approche du printemps, nous avons souhaité attiré votre attention sur le sort de nos abeilles et de rappeler l'indignation manifestée par plusieurs pays lors de l'annonce de la fusion des multinationales "Monsanto-Bayer".
"Ce nouveau mastodonte des semences et des pesticides a une ambition : contrôler toute la chaîne alimentaire, de la terre où pousse la semence jusqu’à l’assiette du consommateur. Une telle entreprise n’a qu’une ambition : accroître ses activités, donc ses bénéfices, sur tous les continents, au mépris de la biodiversité et de la santé des populations..." (Source : Le Monde du 20 octobre 2016)
" En France, depuis une trentaine d'années, les populations d'abeilles diminuent. Ce phénomène touche d'autres pays d'Europe, l'Amérique du Nord et l'Asie. Cette surmortalité alarmante s'est accélérée depuis le milieu des années 1990, des ruchers entiers ont été dévastés en quelques années.
Les causes de ce désastre ? L'usage intensif de produits phytosanitaires, qui intoxiquent les abeilles, favorise en diminuant les défenses immunitaires les infections parasitaires, dont le redoutable varroa; et l'apparition d'un nouveau et terrible prédateur, le frelon asiatique..."
Nous vous invitons à parcourir le très beau site web : http://www.abeillesentinelle.net/ dont nous avons tiré l'extrait ci-dessus.
Les hortillonnages anciennement aménagés dans les marais de la Somme, en amont d’Amiens, sont principalement caractérisés par cette multitude de parcelles, plus ou moins grandes, entourées d’eau, accessibles en barques grâce à un réseau de petits canaux – les rieux - et connues sous l’appellation « d’aires ».
Cette appellation apparaît dès le XIIIème siècle, notamment dans des archives abordant la perception de la dîme (J. Roux, 1890)
Le moindre îlot de terre est cultivé ; les terres étaient amendées par l’apport de fumier ; les berges naturelles devaient être régulièrement entretenues et les rieux curés…
DOCUMENTS :
Fonds Macqueron (Bibliothèque d'Abbeville)
1. Amiens - Les Hortillonnages à Rivery. ND Phot., n°1826. - [carte postale format 11x28 cm].
Site Web : http://www1.arkhenum.fr/bm_abbeville_macqueron/_app/visualisation.php?id=3989
2. Les Hortillonnages. - Dessin de F. Hoffbauer. Extrait de "Une visite à Amiens" par Alexis Martin, Paris, 1896.
Site Web : http://www1.arkhenum.fr/bm_abbeville_macqueron/_app/visualisation.php?id=3963
Bien qu'étant considérées comme très fertiles, les terres tourbeuses des hortillonnages nécessitaient un amendement régulier. D'importantes quantités de fumier étaient amenées en barque, puis amenées sur le terrain dans les petites mannes en osier, comme le montre bien l'illustration ci-dessous.
Lors du marché sur l'eau, les barques à cornet étaient amarrées le long du quai. Chaque hortillon disposait d'un anneau scellé dans le quai (que l'on peut encore voir aujourd'hui).
DOCUMENTS :
Photographie du marché sur l'eau avec les barques amarrées le long du quai, 1865-1875 (Source A.D.S. Cote 2 FI 1236) -
Site Web : http://archives.somme.fr/ark:/58483/a0114375738169bVexx/1/1
Nous bénéficions d’une remarquable collection d’estampes que nous devons aux frères Duthoit et détenue par le musée de Picardie et les archives départementales, représentant le vieil Amiens, au milieu du XIXème siècle.
Les frères Duthoit* (Aimé 1803-1869 et Louis 1807-1874), les derniers imagiers du Moyen Age pour reprendre le titre d’une exposition présentée il y a quelques années au Musée de Picardie, nous ont laissé des milliers de dessins et d’aquarelles représentant Amiens et ses environs d’une manière souvent précise et topographique (Cf. Le vieil Amiens dessiné d’après nature)
DOCUMENTS :
Fonds A. et L. DUTHOIT
1. AMIENS, Plan 1700
Site Web : http://archives.somme.fr/ark:/58483/a0113539270013fMFra/1/1
2. AMIENS. Plan perspective (représentation des hortillonnages) 1830-1850
Site Web : http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011261413626b1UZQI/1/1
http://www.oiseaux.net/oiseaux/canard.chipeau.htmlFamille regroupant les nombreuses espèces de canards dont plusieurs espèces peuvent être facilement approchées dans les hortillonnages; en premier lieu les canrds colvert dont les mâles sont reconnaissables par la couleur vert bronze de leur tête et leur discret collier blanc...
Sites Web :
http://www.oiseaux.net/oiseaux/canard.colvert.html
http://www.oiseaux.net/oiseaux/canard.chipeau.html
Lorsque les boues extraites lors du curage des rieux sont ramenées sur les terres, il n’est pas rare de trouver ces moules d’eau douce (ou moules d’étang) si particulières, L’anodonte est l’un des plus grands mollusques bivalves (certaines peuvent atteindre une vingtaine de centimètres de long) qui vit et se déplace au fond des eaux calmes. Si elles ne sont guère comestibles pour l’homme, les carpes par contre semblent les apprécier.
Plusieurs espèces arbustives semblent plus adaptées au milieu des hortillonnages que d'autres. Nous en proposons ci-dessous une sélection (non exhaustive).
A/ Érable champêtre (Acer campestre ) : Petit arbre à port dense et arrondi. Très utilisé en haie champêtre. Croissance lente (Arbre, ht maxi 10m. Exposition au soleil. Sol ordinaire, sec à modérément humide. Rustique, au moins jusqu'à -20°C. Feuillage caduc. Port Etalé. Haie, plante bonsaifiable).
B/ Frêne commun (Fraxinus excelsior ) : Arbre gros bourgeons noirs et écorce lisse, puis fendillée. Feuilles composées de 9-13 folioles lancéolées, devenant jaune en automne (Arbre, ht maxi 30 m. Exposition au soleil. Sol ordinaire, même calcaire, frais. Rustique, au moins jusqu'à -20°C. Feuillage caduc. Port Etalé. Plante bonsaifiable)
C/ Peuplier tremble (Populus tremula ) : Ce peuplier au port étalé, produit des feuilles d'abord rouge bronze, puis vert foncé, enfin jaune en automne qui tremble et bruisse à la moindre brise. (Arbre, ht maxi 20 m. Exposition au soleil. Sol ordinaire, humifère, pas trop sec à frais. Rustique, au moins jusqu'à -20°C. Feuillage caduc. Port Etalé. Intérêt automnal).
D/ Saule blanc, aubier, saule argenté (Salix alba) : Arbre très décoratif par son feuillage
argenté et ses rameaux souples. C'est un arbre de grande taille qu'on peut contenir en le taillant en tétard. Il préfère les sols frais et humides. C'est un arbre à privilégier pour les
plantations le long des cours et étendues d'eau. Son feuillage argenté est idéal pour éclairer une scène, un arrière-plan sombre (Arbre, ht maxi : 25 m. Exposition au soleil. Sol
lourd, pauvre, frais à humide. Rustique, au moins jusqu'à
-20°C)
.
Feuillage caduc. Port Etalé. Plante médicinale.
E/ Charme commun, Charmille (Carpinus betulus) Arbre à cime ronde ou ovoïde. Feuilles ovales vert moyen, devenant jaune orangé en automne et restant sur les rameaux, jusqu'à la fin de l'hiver. Chatons femelles verts. L'arbre (ou arbuste) idéal pour les haies taillées de 1 m à 10 m de haut (Arbre, ht maxi 25 m. Exposition au soleil ou à mi-ombre. Sol ordinaire, frais à humide. Rustique, au moins jusqu'à -20°C. Feuillage caduc. Port Arrondi. Haie, plante bonsaifiable)
F/ Tilleul à petites feuilles (Tilia cordata) : Ce grand arbre est un classique dans nos parcs et jardins. Planté en isolé, il pourra déployer sa large couronne. Taillé en rideau, il soulignera une allée par exemple (le tilleul supporte bien les tailles sévères). Autre attrait non négligeable : sa floraison discrète mais délicatement parfumée au début de l'été (Arbre, ht maxi : 25m. Exposition au soleil ou à mi-ombre. Sol ordinaire, humifère, frais à humide. Rustique, au moins jusqu'à -20°C. Feuillage caduc. Port Ovale. Mellifère, plante médicinale)
G/ Bourdaine (Rhamnus frangula) : Arbuste buissonnant à feuilles ovales, lustrées, rougissant en automne. Il produit de petites fleurs vertes, suivies de petits fruits charnus et sphériques, rouges, noircissant à maturité (Arbuste, ht maxi : 5m. Exposition au soleil ou à mi-ombre. Sol léger, pauvre, frais. Rustique, au moins jusqu'à -20°C. Feuillage caduc. Port Buissonnant. Plante médicinale. Haie).
H/ Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea) : Arbuste à feuilles vertes devenant rouge en automne. En début d'été, fleurs blanches en cymes aplaties et denses. Très belle couleur rouge orangé des jeunes pousses en hiver (Arbuste, ht maxi 3 m. Exposition au soleil. Sol ordinaire, pauvre, même calcaire, frais. Rustique, au moins jusqu'à -20°C. Feuillage caduc. Port Buissonnant. Intérêt automnal, hivernal. Ecorce remarquable).
I/ Noisetier commun (Corylus avellana) : Arbuste à bois souple. Feuilles larges. Chatons pendants jaunes en hiver. Noisettes sur les pousses de l'année précédente (Arbuste, ht maxi 6 m. Exposition au soleil. Sol ordinaire, pas trop sec à frais. Rustique, au moins jusqu'à -20°C. Feuillage caduc. Port Dressé. Intérêt hivernal. Comestible. Haie, fruitière).
J/ Prunellier, Épine noire (Prunus spinosa) : Arbuste ou arbre buissonnant, épineux. Une multitude de fleurs en coupe blanche apparaissent avant les feuilles, suivies de fruits bleu noir, pruineux, comestibles, mais amers au goût (Arbre, ht maxi 4m. Exposition au soleil. Sol ordinaire, pas trop sec à frais. Rustique, au moins jusqu'à -20°C. Feuillage caduc. Port Etalé. Intérêt printanier, automnal. Comestible. Haie, fruitière).
K/ Saule cendré (Salix cinerea ) : Arbuste à feuilles elliptiques vertes. Chatons précoces soyeux (Arbuste, ht 4 m). Exposition au soleil. Sol ordinaire, pauvre, sans trop de calcaire, frais. Rustique, au moins jusqu'à -20°C. Feuillage caduc. Port Buissonnant. Intérêt printanier).
L / Aubépine, épine blanche (Crataegus monogyna ) : Arbre à couronne arrondie, épineux, à feuilles découpées. Corymbes plats de fleurs blanches à anthères roses, parfumées, suivies de fruits rouge foncé brillant. Idéal en haie (Arbre, ht maxi 10 m. Exposition au soleil. Sol ordinaire, pauvre, même calcaire, sec à modérément humide. Rustique, au moins jusqu'à -20°C. Feuillage caduc. Port Arrondi. Intérêt printanier, automnal. Plante médicinale, odorante. Haie, plante bonsaifiable)
Nous avons largement développé ce sujet dans les premières pages de notre site en signalant notammant les quelques trouvailles archéologiques effectuées dans la zone des hortillonnages et aux abords. Si les plus anciennes remontent à l'époque romaine, elles ne peuvent en aucun cas étayer l'hypothèse qui voudrait que la création des hortillonnages remonte à cette période.
De modestes constructions plus ou moins importantes, aménagées avec les matériaux disponibles, abritaient les outils et la famille lors des intempéries.
Peu après l’invention de la photographie, au milieu du XIXème siècle, les photographes nous laissent des témoignages sur l’environnement des hortillons, comme ces clichés de Chenu sur plaques de verre où nous observons les cabanes construites à partir des matériaux locaux : bois, argile (torchis), chaume et roseaux…
A côté de ces cabanes modestes se développera par la suite une grande variété de petites constructions au charme certain avant qu’apparaissent d'autres constructions plus ou moins disgracieuses…
Pour arroser ses plantations, l’hortillon n’avait guère de souci tout au moins pour ce qui concerne l’alimentation en eau, avec la présence des rieux qui entouraient ses longues et étroites parcelles. Les parcelles étaient en effet dimensionnées afin de faciliter l’arrosage manuel en utilisant l’écope, qui précéda l’utilisation de l’arrosoir.
A Ronna, dans le savant et volumineux ouvrage de 1889 qu’il consacre aux systèmes d’irrigation, mentionne l’utilisation de l’écope par les hortillons : « L’écope ou la pelle allongée, est l’instrument usité dans quelques localités pour l’aspersion des légumes. C’est avec une véritable dextérité que, dans les hortillonnages d’Amiens, les jardiniers enlèvent l’eau avec leur pelle à long manche, et la font retomber sous forme de pluie sur les planches de leur potager… ».
Il ajoute « Les canaux de 2 m. de largeur s’étendent d’un bras à l’autre de la Somme ; quant aux aires, d’une longueur indéterminée, elles ont une largeur de 3 à 4 mètres au plus, c’est-à-dire la largeur que l’on peut arroser au moyen d’une pelle, ou d’une écope, en puisant l’eau dans le canal » (p. 566-567).
BIBLIOGRAPHIE :
RONNA A. (1889). Les irrigations. Les canaux et les systèmes d’irrigation. Libr. F. Didot et Cie, Paris, Tome II.
Ecope utilisée par les hortillons pour l'arrosage de leurs aires (illustration in A. Ronna, 1889)
Pour le transport de l’eau, le plus simple, avec le seau, est l’utilisation de l’arrosoir qui nous est bien connu.
□ Dans leur manuel pratique pour la culture maraîchère de Paris (18XX), les auteurs nous en donnent la description suivante : « Quoique l’on fasse des arrosoirs en zinc, en fer-blanc, en cuivre jaune, les maraîchers ne se servent que d’arrosoirs en cuivre rouge, plus lourds et plus chers, mais plus solides et de plus longue durée. Les maraîchers n’emploient que des arrosoirs à pomme, avec lesquels ils exécutent des bassinages très légers, des arrosements en plein et des arrosements à la gueule, c’est-à-dire que, dans des cas, il est plus avantageux de verser l’eau par la bouche de l’arrosoir que par la pomme.
Un arrosoir ordinaire pèse, étant vide, 2 kilogrammes, et contient 10 litres d’eau. Dans les arrosages, un homme porte deux arrosoirs pleins, un à chaque main, et, par un certain mouvement, les vide tous les deux à la fois pour abréger le temps, qui est toujours précieux dans notre état.
La perfection d’un arrosoir consiste surtout dans l’inclinaison de sa pomme, dans le nombre et la largeur des trous dont elle est percée. Le nombre d’arrosoirs nécessaire dans un établissement est subordonné au nombre d’hommes qui peuvent arroser en même temps l’été ; chaque paire d’arrosoirs en cuivre rouge (on les nomme aussi cruches dans quelques marais) coûte de 28 à 32 fr. »
□ La confection des arrosoirs en fer-blanc était le travail du ferblantier. M. Lebrun dans son manuel paru en 1830 nous en révèle son processus de fabrication : « … il se confectionne d’abord comme un grand vase à lait, si ce n’est que son diamètre est plus fort et sa hauteur moins considérable. Il porte à sa partie resserrée une très grosse anse, ou plutôt une poignée. A l’opposite de l’anse, et sur la partie renflée, l’arrosoir reçoit un goulot placé obliquement comme celui d’une cafetière. Ce goulot est soutenu par un rouleau de fer-blanc dans lequel passe une tige de fer. Ce rouleau, dont la situation est horizontale, est soudé par un bout à la naissance de la partie supérieure et resserrée de l’arrosoir ; l’autre bout s’attache au point correspondant au goulot.
L’orifice de l’arrosoir est à demi fermé par une moitié de couvercle adhérente. A l’endroit où finit ce couvercle s’élève une poignée pour porter le vase quand il est plein. C’est un rouleau de fer-blanc porté par deux oreilles.
L’arrosoir peut servir ainsi, mais on y ajoute une autre pièce pour diviser l’eau : c’est un crible percé de trous grands à peu près comme ceux d’une passoire ordinaire, et pourtant sur un tuyau haut d’environ deux pouces ; la circonférence de ce tuyau est déterminée par la grosseur du goulot, lequel doit entrer à frottement dans le tuyau ».
□ Le mot « arrosoir » figurait en bonne place dans le calendrier républicain. On le trouve en effet au dizième jour du onzième mois (thermidor) qui courait du 19 juillet au 17 août (Rapport de Fabre d’Eglantine fait à la convention nationale, alors député de Paris).
BIBLIOGRAPHIE :
BOIS D. (1893-1899). Dictionnaire d’horticulture illustré. Ed. Klinsksieck, Paris
LEBRUN M. (1830). Manuel du ferblantier et du lampiste. Libr. Encycl. de Robet, Paris.
MOREAU J.G., J.J. DAVERNE (1845). Manuel pratique de la culture maraîchère de Paris. Impr. Vve Bouchard Huzard
Ci-dessous: Quelques exemples d’arrosoirs : A : cuivre, XVIIIème, B : cuivre, XIXème, C : début XIXème
Les hortillonnages ont été de tout temps une source d’inspiration pour les artistes. Nombreux sont les poètes, peintres, photographes (aujourd’hui paysagistes et plasticiens) à avoir succombé aux charmes de ce site. Nous nous limiterons à signaler les plus connus .
□ Les frères Duthoit (Aimé 1803-1869 et Louis 1807-1874),
□ Edouard David (XXX) qui est considéré comme l’un des chantres des hortillonnages. Natif de Saint Leu, s’exprimant en langue picarde (celle des hortillons), il a puisé son inspiration dans cet univers. Son œuvre principale « Chés hortillonnages », largement illustrée, parue en 1990, est une fresque de poèmes en vers qui décrit la vie des hortillons.
□ Les photographes, dès la fin du XIXème, soit peu après l’invention de la photographie, nous ont laissé une précieuse documentation, aujourd’hui fort heureusement conservée dans les fonds de la Société photographique et cinématographique de Picardie, ou encore la Société des Antiquaires de Picardie. Des photographes amiénois comme Camille Biendiné (1862-XXX ) ont été des témoins de leur temps.
Parmi les nombreux photographes contemporains, on ne peut ignorer Nisso Pelossof dont on connaît l’attachement au site des hortillonnages et dont nous gardons le souvenir…
□ La vallée de la Somme, la baie, les marais, les étangs et les hortillonnages ont été parmi les thèmes traités par un peintre picard contemporain, Alfred Mannessier (1911-1993).
□ Depuis 2010, à l’initiative de la Maison de la culture d’Amiens, de jeunes artistes investissent les hortillonnages et présentent leurs créations. Proposant une nouvelle lecture de ce paysage, ils contribuent ainsi à sensibiliser un large public.
Des constructeurs locaux fournissaient les barques à cornet, ces barques caractéristiques au profil dissymétrique. Deux ateliers sont connus dans le quartier Saint-Leu : l’un rue d’Engoulvent, le second rue Motte.
La famille Griffoin, une génération de huchiers et de menuisiers installée à Amiens depuis le XIIIème siècle (au 32 de la rue Dufresne pendant la guerre 1940 puis au 10 de la rue Pointin à la Libération, avant de quitter le quartier de Noyon – Saint-Anne) comptait parmi ses activités la construction de barques à fond plat des hortillons (Source : Jacques Lejosne, 2007, p. 87 à 89).
Si vous vous aventurez dans les hortillonnages, vous pourrez observer sans difficultés quelques espèces bien courantes : d’abord le colvert qui prolifère dans ce secteur (la cane peut couver chaque année 12 à 15 œufs), la poule d'eau, la foulque, le grèbe huppé et bien entendu les cygnes...
Vous ne confondrez plus la poule d’eau (au bec rouge, pointé de jaune) et la foulque (au bec blanc). A l’époque de leur nidification, vous verrez les nids habilement construits à l’aide de brindilles, à la surface de l’eau et amarrés au bord de la rive…
Le matin, il vous sera facile de voir le héron ; il occupe toujours les mêmes postes d’observation, le long de la Somme ou au bord des étangs.
Quant aux cygnes, ils vous accompagneront lors de vos ballades en barque, quelquefois même avec leurs progénitures…
L'aviron est cette longue perche en bois qui sert à l'hortillon pour manoeuvrer sa longue barque le long des rieux, au bout de laquelle on pouvait trouver le ficron.
Comme nous le rappelle régulièrement les panneaux disposés le long de la Somme, la baignade dans la Somme est aujourd’hui interdite, principalement pour des raisons de sécurité … et par l’adoption du sacro-saint principe de précaution ! Un principe dont s’affranchissaient jadis des générations d’hortillons. Combien d’entre eux ont appris à nager dans les rieux.
Avec le retour des fortes températures, il est bien tentant de s’adonner aux plaisirs d’une baignade dans la Somme ou dans les rieux des hortillonnages, chose courante par le passé. Aujourd’hui, les quelques baigneurs qui s’y aventurent savent-ils qu’ils risquent d’être sanctionnés et d’encourir une contravention de 38 euros !
Les Amiénois se souviennent de l’école de natation dite de l’Ile aux Fagots, inaugurée en 1840. Ce bassin en bordure de la Somme a été un lieu de baignade fort prisé jusqu’à sa fermeture dans les années 1960.
DOCUMENT :
Enquête de Théodore Vandezande, 2014 : Légaliser les bains de Somme
Site Web : http://www.letelescope.info/article/legaliser-les-bains-de-somme/
Si Paris et la Seine ont leur zouave, Amiens et la Somme ont leur "homme bouée", une énigmatique sculpture en bois installé au milieu de la Somme entre le quai Bélu et le quai Parmentier que l'on doit à un artiste allemand contemporain Stephan Balkenhol.
Cette sculpture réalisée dans un tronc de chêne fait partie d'un ensemble de trois statues; les deux autres, plus discrètes sont plaquées sur les façades des batiments, de part et d'autre de la place du Don, qui lui font face : la femme à la robe verte et l'homme à la chemise rouge (1)
Adopté par les Amiénois et tout particulièrement les étudiants, il est fréquemment travesti en fonction des diverses manifestations culturelles ou sportives.
(1) Cette dernière statue a été retirée (afin qu'elle puisse être restaurée ?)
La barbaquène, comme nous le précise Daire (I, 451), est cette « ouverture étroite et longue par laquelle une partie des eaux et des immondices de la ville se déchargeait dans la Somme proche de la grève ».
La fermeture de ce passage à la fin du XVème siècle, de jour comme de nuit, pour protéger la ville de nouvelles agressions, était un sérieux handicap pour les hortillons qui ne pouvaient se rendre sur leurs aires. Ce qui les conduisit à présenter à l’échevinage une requête le 17 décembre 1492 qui fut suivie d’une autorisation de passage de 7 heures du matin à quatre de vespres (Janvier A., 1889, p.187).
BIBLIOGRAPHIE :
DAIRE
JANVIER A. (1889). Les Clabault, famille municipale amiénoise 1349-1539, Libr. Hecquet-Decobert, Amiens, Impr. A. Douillet et Cie.
DOCUMENTS :
Fonds Macqueron (Bibliothèque d'Abbeville):
1. Amiens, canal de la Barbaquesne (Source : Diocèse d'Amiens, coll. P.D.)
Site Web : http://www1.arkhenum.fr/bm_abbeville_macqueron/_app/visualisation.php?id=5361
2. Amiens. La Barbacane ou Barbaquene. Canal souterrain traversant le port d'Amiens (Lith. de A. Le Prince, 1831).
Site Web : http://www1.arkhenum.fr/bm_abbeville_macqueron/_app/visualisation.php?id=5362
L’hortillon possèdait au moins une barque ; deux ou trois en fonction de l’étendue de ses cultures. Cette longue barque si caractéristique dénommée « barque à cornet » que l’on retrouve sur toutes les illustrations présente un profil dissymétrique. Le « cornet » qui est la partie relevée que l’on trouve vers l’avant, facilitait le déchargement des légumes sur le quai du marché sur l’eau.
Elle mesure généralement 28 à 32 pieds de long (soit 9 à 10 mètres) et 1m.20 à 1m.30 dans la plus grande largeur. Elle est construite à partir de longues planches de chêne renforcées et reliées aux flancs par une série de traverses. Son fond présente une forme fusiforme.
Cette barque serait adaptée au transport de lourdes charges, jusqu’à trois tonnes de productions ! Elle est manœuvrée par l’hortillon – et l’hortillonne – à l’aide d’une longue perche de bois longue, de 3,50 m, l’aviron, qui, appuyée sur le fond des rieux lui sert à pousser la barque, ou encore avec une pelle en bois utilisée comme pagaie quand les fonds sont importants.
A propos des cornets ...
Une idée encore trop souvent répandue voudrait que la forme si particulière de la barque des hortillons, et tout particulièrement ses "cornets", ait été adoptée afin de faciliter l'accès aux parcelles et l'accostage, le cornet évitant dit-on d'endommager les berges naturelles.
La validation de cette hypothèse ne résiste pas à la lecture des documents cartographiques et tout particulièrement les anciens cadastres ou encore les archives photographiques du début du XXème siècle. En effet, l'exiguité des rieux ne permet, en aucune façon, d'aborder les aires de front. Comme le montre la photographie ci-dessus, la longue barque des hortillons était arrimée le long de la berge, maintenue par les avirons...
Le témoignage de Laetitia l'hortillonne...
A en croire notre témoin privilégié, l’hortillonne Laetitia Manot de Camon (1893-1976), le coût d’une telle barque aurait été, vers 1900, de 300 francs.
La barque, l’outil indispensable : « mais ça, y a pas, on ne pouvait pas aller d’une terre à l’autre sans n’pas avoir un bateau ».C’est pour ça qu’on en avait des petits quelquefois, on ne sortait pas le gros, on ne ramassait pas de « marée" (1)
Il y avait des constructeurs spéciaux, ça coûtait pas cher : je me rappelle, on avait un petit ouvrier, not’ cousin Fernand Vachart ; ils l’avaient installé, ils lui ont donné je ne sais plus combien d’terres, et pis, ils lui ont fait faire un bateau, ben dans c’temps là, ça coûtait 300 francs le bateau (2). Et pis maintenant c’est combien ? Pour 150 000 francs, et on n’a pas grand-chose (3)..."
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(1) On désignait par « marée » les légumes pour la vente au marché sur l’eau
(2) Vers 1900
(3)On serait alors dans les années 1970, avant le passage à l’euro
La bêche est très certainement l’outil le plus utilisé par l’hortillon. Elle lui permet de préparer ses terres, généralement en novembre, pour que celles-ci se reposent tout au long de l’hiver avant de recevoir les nouveaux semis ou les nouveaux plants…
Celles dites de Soissons ou celles de Senlis, lieux de leur production, étaient réputées et avaient la faveur des maraîchers de Paris.
La bêche de Soissons dont la lame trapézoïdale, large de 20 et 16 cm, et longue de 27 cm, légèrement évidée au milieu, était fixée au manche au moyen de deux chevilles rivées
BIBLIOGRAPHIE :
MOREAU J.G., DAVERNE J.J. (1848). Manuel pratique de la culture maraîchère de Paris, Impr. Mme Vve Bouchard-Huzard, Paris
Marie Alfred Camille Biendiné dit « Camille Biendiné » nous a laissé une impressionnante collection photographique composée de plus de 7000 clichés
« Camille Biendiné, né à Amiens le 27 juillet 1862 est issu d'une famille plutôt aisée. Son père, Bon Amable Constant Biendiné est voyageur de commerce et sa mère, Sophie Marie Adèle Deforceville est propriétaire rentière. Célibataire, sans enfant, il consacre sa vie à cette passion pour la photographie, qu'il partage avec son frère Emile Biendiné (trésorier de la Société photographique de Picardie). Il décède à Amiens le 27 janvier 1941. Ses talents de photographes sont reconnus et il obtient quelques respectables récompenses. Par exemple, en 1902, il obtient le 3e prix du concours spécial des vues de Savoie, concours organisé par l'Union nationale des Sociétés photographiques de France et l'Union internationale. Tombées dans l'oubli après son décès, les fragiles photographies ont été sauvées in extremis d'une destruction irrémédiable, par Monsieur René Bernaux. La collection est alors précieusement conservée dans les locaux de l'association, avant de rejoindre les Archives départementales de la Somme en 2009.
Camille Biendiné participe activement aux activités de la Société dès sa création. Témoin de son temps, il parcourt le département de la Somme à bicyclette, son matériel photographique sur le dos, et fixe sans relâche sur verre des scènes de la vie rurale, des ambiances urbaines ou campagnardes, des sites et monuments, mais surtout des scènes de manœuvres militaires en Picardie à la veille de la première guerre mondiale…».
(Source : Archives départementales de la Somme)
(1) « Pour le XVIIe siècle la référence incontournable est l’armorial dit de d’Hozier, lequel fut constitué à la suite de l’édit de 1696 qui faisait obligation d’enregistrer les armoiries, moyennant 20 livres de taxation par fief…, et même imposait d’office des armes à ceux, – bourgeois, communautés, etc. – qui n’en possédaient pas mais dont les ressources pouvaient en justifier la possession ! Ce recueil monumental (qui n’est donc toutefois qu’un armorial et non un nobiliaire) constitue 69 volumes – dont la moitié avec des blasons peints – bien heureusement sauvegardés à la BN [Fr 32220 et 32253 pour la Picardie]. »
Extrait de l’Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696, par Charles D'HOZIER. (1697-1709). XXVI Picardie. - 1701-1800. Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k110595z/f1.image
DOCUMENT :
Photo sur plaque de verre de C. Biendiné : Visite des hortillonnages par les congressistes de la société de photographie de Picardie (près de l'Ile aux Fagots), août 1910 (Source A.D.S. Cote 35 FI 1416) -
Site Web : http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011304603898Sp53CM/1/1
La communauté des hortillons était dotée d’un blason (de sable à la fasce dentelée d’argent) (cité par P. Dubois, 1907) que nous retrouvons dans l’armorial général de France dressé en 1696 par Charles d’Hozier (1) (dans le 26ème volume consacré à Picardie et la Généralité d’Amiens)
(1) « Pour le XVIIe siècle la référence incontournable est l’armorial dit de d’Hozier, lequel fut constitué à la suite de l’édit de 1696 qui faisait obligation d’enregistrer les armoiries, moyennant 20 livres de taxation par fief…, et même imposait d’office des armes à ceux, – bourgeois, communautés, etc. – qui n’en possédaient pas mais dont les ressources pouvaient en justifier la possession ! Ce recueil monumental (qui n’est donc toutefois qu’un armorial et non un nobiliaire) constitue 69 volumes – dont la moitié avec des blasons peints – bien heureusement sauvegardés à la BN [Fr 32220 et 32253 pour la Picardie]. »
Extrait de l’Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696, par Charles D'HOZIER. (1697-1709). XXVI Picardie. - 1701-1800. Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k110595z/f1.image
BILIOGRAPHIE :
D’HOZIER Charles (1696). Armorial général de France
DUBOIS Pierre (1907). …
DOCUMENTS :
Fonds A. et L. DUTHOIT
Site Web : http://archives.somme.fr/ark:/58483/a011353927001rToZG0/1/1
Fonds Macqueron (Bibliothèque d'Abbeville)
Amiens : la Borne de Camon, 1834. Imp. T. Jeunet. Extrait du "Vieil Amiens"
Site Web : http://www1.arkhenum.fr/bm_abbeville_macqueron/_app/visualisation.php?id=3962
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