Hortillons, hortillonnes


L'hortillonne

 

Plusieurs auteurs régionaux de la fin du XIX ème et du début du XX ème siècle nous ont laissé une description précise de la vie des hortillons*. Tous sont unanimes sur un point : le courage de ces hortillonnes. Celles-ci ont non seulement la charge de la famille, mais partagent également, aux côtés de leurs maris, les activités maraîchères et assurent par ailleurs le transport et la vente des productions.

 

 

 

Parmi de nombreux témoignages, nous retiendrions celui de H. Baudrillard (1881) :

« Il manquerait à la peinture de cette classe particulière de la population agricole un de ses traits les plus essentiels si l’on n’y joignait quelques mots sur la femme vaillante qui partage ces travaux si assidus. Elle y ajoute même les tâches sous lesquelles elle succomberait sans son énergie. On peut dire qu’elle est partout. Au jardin elle travaille autant qu’un homme ; elle donne à ses enfants des soins attentifs ; elle est à la cuisine, elle est au ménage. Fatiguée de tous ces soins incessants, elle se couche la dernière et elle est levée à une heure du matin. C’est elle qui est chargée de faire  arriver de bonne heure les denrées au marché de la ville. Elle s’asseoit à l’arrière de son embarcation, qu’elle conduit à l’aide d’un pieu, ayant soin d’éviter le moindre heurt qui ferait chavirer la précieuse cargaison, Ce n’est pas un tableau de fantaisie qu’à tracé de cette navigation, parfois périlleuse et toujours très pénible, le témoin que j’ai cité plus haut, lorsqu’il nous représente cette laborieuse descente de la Somme, et cette femme, seule au milieu de la nuit entre le ciel et l’eau pendants un orage … Ces produits de la culture maraîchère ne peuvent attendre. Un jour perdu leur ôterait leur valeur, et adieu le gain de la famille… »

Collection Larcher
Collection Larcher

 

Avec cette photographie issue d’une collection privée, nous retrouvons notre hortillonne au travail coiffée de sa capeline, ce bonnet prolongé d’une visière dont la rigidité était assurée par des lattis de bois, des baleines ou des morceaux de carton. Elle porte un caraco ou chemisier ample boutonné haut, un cotron ou ample jupe de serge gonflée par des jupons, munie d’une poche intérieure, et complétée par un grand tablier.

Elle pouvait également porter «la marmotte », ce mouchoir à carreaux de grande taille  qui était noué derrière la nuque ou sous le menton.

L’une de ses plus anciennes représentations (début du XVIème siècle) est très certainement celle que l’on peut voir en visitant la cathédrale d’Amiens.

Sur l’une des célèbres stalles on peut reconnaître en effet l’allure générale de l’hortillonne avec sa coiffe, son tablier. Elle est équipée de son panier d’osier et semble laver ses légumes dans un baquet de bois cerclé de fer.

Dessin de L. Delambre
Dessin de L. Delambre

L’hortillonne a toujours tenu une place importante dans l’entreprise familiale … et cela valait bien une médaille ! En juin 1998, elle figurait sur les premières pièces de 1 euro  (tirage 80 000 exemplaires) et 2 euros (40 000 exemplaires)

(diamètre de ces deux pièces 30 mm, poids 11 g.). Dans la même série, existait aussi une pièce en argent de 30 euros (tirée à 5 000 ex.).