Nisso Pelossof (Rhodes, 25 décembre 1921 - Amiens, 7 mai 2011) est incontestablement un personnage emblématique à qui l'on pense lorsqu'il s'agit d'évoquer "nos" Hortillonnages". 


 

ACTUALITE (2025):

La justification d'une association de sauvegarde (reconnue d'utilité publique) telle que l'a conçu Nisso Pelossof... il y a 50 ans !

Face à la surfréquentation de nos Hortillonnages (1) et à la multiplication des offres de circuits touristiques, face au développement d’activités commerciales (autres que la culture maraîchère) que semble entériner aujourd'hui la préfecture de la Somme sous le prétexte de prendre en compte la liberté d'entreprendre, il faut défendre le modèle de l'association de protection et de sauvegarde du site et de l'environnement des Hortillonnages (APSSEH).

 

(1) dénoncée depuis plusieurs années par une autre association "SOS Hortillonnages"

 

L'APSSEH, dont le siège social est localisé à la Maison des hortillonnages a été déclarée le 6 août 1975, agréée (loi de 1901) par arrêté préfectoral du 23 février 1979, puis reconnue d’utilité publique par décret en date du 28 février 1991. L’association  a obtenu en 1985 le prix « Nature et Patrimoine ».

L'association assure la promotion du site... : Cette association assure la promotion du site en proposant des promenades en barques (dont la silhouette rappelle la barque à cornet si caractéristique utilisée par les hortillons) équipées de moteurs électriques, silencieux, écartant toute pollution et limitant les remous qui fragilisent les berges, dans le respect des lieux.

Cette association a entre autres objectifs : l’assainissement des lieux, la lutte contre la pollution, le balisage et le dragage régulier des rieux, le maintien du niveau des eaux, le respect de l’intégrité physique d’un site touristique unique en France, l’initiation à l’environnement…

L'association est également au service des occupants du site (propriétaires et locataires de parcelles) ... Elle propose par exemple la réfection et la consolidation des berges (travaux spécifiques facturés au coût réel) (Voir à ce sujet notre page :

Elle participe à la sauvegarde des hortillonnages. La gestion d’un tel site, aussi et  aussi complexe, sur une telle étendue, est bien entendu une lourde charge. L’envasement des rieux et des contre-fossés, la surveillance des terrains, des pratiques des usagers (circulation des bateaux à moteur thermique, entretien des parcelles, des berges, des canaux, etc.) sont des sujets récurrents qui font l’objet d’échanges parfois vifs, lors des assemblées générales.

L’association assure ainsi la médiation entre ses adhérents et les collectivités territoriales, communes et département, qui se partagent la responsabilité des domaines publics, en matière d’entretien et de sécurité.

 

PLUS D'INFOS:

Voir notre page: Asso de protection et sauvegarde...  *


Nisso Pelossoff

(né à Rhodes le 25 décembre 1921, décédé le 7 mai 2011 à Amiens, à l'âge de 89 ans. 

 

Lorsque nous évoquons nos Hortillonnages, il nous est difficile de ne pas évoquer un personnage étonnant, Amiénois d'adoption, à qui l'on doit d'avoir sauvé véritablement ce site que chacun reconnaît aujourd'hui comme un site environnemental (et historique) exceptionnel. Un site dont il sut assurer par la suite la promotion tout en restant vigilant à respecter les lieux.

Il fut l'objet de nombreux reportages et de séquences vidéos qui nous permettent de le retrouver, le plus souvent à bord d'une barque à cornet au coeur des hortillonnages, toujours disponible pour vanter les qualités et l'originalité des lieux...

 

Nous reproduisons ci-après la présentation que lui consacre le concepteur du site web : les hortillonnages d'Amiens. Nous la compléterons bientôt par des témoignages inédits recueillis auprès de personnes l'ayant connu ou cotoyé...

BB

 

Nisso Pelosoff (source Site de l'association: www.hortillonnages-amiens.fr/histoire)

 

«  Nisso Pelosoff est une figure emblématique des hortillonnages d'Amiens. Acteur prépondérant dans la protection et la sauvegarde du site, il a consacré une grande partie de sa vie à cette endroit. Un site sur les Hortillonnages se devait de consacrer une page à celui qui a tant œuvré pour cet endroit.

Une jeunesse difficile

Né en Grèce, Nisso Pelosoff grandit sur l’île de Rhodes. Alors qu'il n'est âgé que de 18 ans, il est arrêté par la Gestapo en 1943 et déporté au camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau puis à Mauthausen-Gusen. Il en sortira vivant, mais marqué à vie par la captivité.

En convalescence après cette épreuve d'une rare difficulté, il séjournera deux ans à Paris. Quelques temps plus tards, il fait la rencontre d'une picarde qui deviendra son épouse, avec qui il décide de louer une petite parcelle dans les Hortillonnages. La quiétude et la paix conférées par cet endroit le marqueront à jamais…

L'aventure amiénoise et le coup de cœur du photographe pour les hortillonnages…

Installé à Amiens, Nisso Pelosoff ouvre en 1952 un studio de photographie à Amiens, devenant un artiste connu et reconnu dans la capitale picarde, au fil des ans. Chaque week-end, il parcourt les rieux en compagnie de sa femme, véritable thérapie pour se reconstruire petit à petit (« la vie après l'enfer »).

Un beau jour, il apprend qu'un projet de rocade prévoit de faire passer la route en plein cœur des hortillonnages, qui plus est, au travers de sa propre parcelle. C'est alors qu'il entre en bataille pour la sauvegarde du site, et qu'il crée l'association pour la protection et la sauvegarde du site et de l'environnement des Hortillonnages, qu'il ne quittera plus jamais.

En effet, le projet de rocade traversant les hortillonnages écarté, l'association ne s'arrêta pas en si bon chemin, et Nisso initia de nombreux projet destinés à promouvoir et faire évoluer le site. C'est ainsi qu'en quelques années, l'activité touristique raisonnée et respectueuse de l'environnement se développa, propulsant les hortillonnages au rang des hauts lieux de tourisme naturel en Picardie.

Un homme engagé pour le devoir de mémoire

En dehors de son action pour les hortillonnages d'Amiens, Nisso Pelosoff n'a cessé de témoigner pour que la mémoire persiste et que jamais on oublie la terrible guerre qu'il a connu.

Ainsi, il a participé à de nombreuses actions, notamment auprès d'enfants et d'adolescents picards. En 2009 par exemple, à l'âge de 88 ans, il retourna en Pologne pour la première fois depuis sa déportation, en compagnie d'une classe de collégiens. Un travail de mémoire auquel il se consacrera avec beaucoup de volonté et de pugnacité. »

 


Un projet fou, ardemment combattu par un Amiénois d'adoption...

 

Un jour, une de nos administrations régionales a eu une idée lumineuse: Réaliser une déviation routière qui traverserait d'Est en Ouest les Hortillonnages. Il est vrai qu'à l'époque, on se souciait peu du site...

En 1974-1975, la construction d’une rocade pénétrante projetée par la DDE devait traverser les hortillonnages d’est en ouest, avec le risque assuré de dénaturer le site. Ce projet amena un photographe, amiénois d’adoption, à créer une association (toujours très active) qui réussira à convaincre l’administration de renoncer à cette réalisation, combien contestable !

 

"Eviter une tragique erreur... titrait, en 1975, la presse régionale.

 

Il y a une cinquante ans, une idée lumineuse germa dans la tête d’une de nos administrations et de quelques élus : solutionner les problèmes de circulation aux abords de la capitale amiénoise, mieux gérer le flux des véhicules au niveau de son accès par la route longeant, au nord, les hortillonnages traversant Rivery, « désengorger le cœur de la cité » …

Un projet fou qui devait conduire à réaliser une « voie pénétrante » qui aurait relié le C.D n°1 au boulevard Beauvillé d’est en ouest, la totalité du site.

Il est vrai qu’à cette époque, peu de monde se soucier de la qualité et du potentiel des hortillonnages, pas plus d’ailleurs du Vieil Amiens qui attendait la réhabilitation de son habitat.

Il eut fallu la ténacité d’un homme, amiénois d’adoption, pour combattre avec l’association qu’il fonda en 1975, pour éviter cette « tragique erreur », pour reprendre le titre retenu par la presse régionale qui s ’empara du sujet.

Quelques propriétaires de parcelles, malgré leur âge, se souviennent de la mobilisation que suscita ce projet. Quant aux protagonistes du projet, ils sont aujourd’hui décédés, nous privant de leurs témoignages.

 

Il nous a paru intéressant de reproduire intégralement, ci-après, les comptes-rendus publiés dans les colonnes de notre quotidien régional (rares documents archivés sur ce sujet et accessibles dans nos services municipaux ou départementaux). 

BB

 

Extrait du Courrier Picard du 3.12.1975

 

Un projet de route dans les hortillonnages, des points de vue inconciliables

Le combat entre l’auto et la barque aura-t-il lieu ? Un projet de route à travers les hortillonnages reliant le boulevard de Beauvillé à la départementale n°1 (Rivery) pourrai bien opposer plusieurs clans dans les années qui viennent.

L’idée de la construction d’une voie rapide dans ce secteur n’est pas neuve. Aujourd’hui, pourtant la longue marche vers la réalisation semble commencer. Les services de l’Equipement ont repris leurs machines à calculer et leurs planches à dessins. Une route de douze mètres de large passant au sud des rues de l’Abbé de l’Epée et Robert Petit, se glissant sous la rue Octave-Cayeux et aboutissant à un échangeur au-delà de la sortie de Rivery chemine… sur le papier.

Elle devait prendre place sur un remblai et laisser des possibilités de communication entre les parcelles. Des passages sous la voie seront aménagés à cet effet.

Le projet n’est pas définitif, on s’en doute. Il doit encore glisser entre suffisamment de mains (collectivités locales, techniciens…), pour connaître des modifications importantes. Toutefois, le travail de préparation est assez avancé pour susciter les premières réactions.

Lze problème comporte en fait, à ce jour, trois facettes apparemment inconciliables. Il y a d’abord la nécessité pour la commune de Rivery, de désengorger le cœur de la cité. Cela doit conduire à la construction d’une nouvelle route et il semble a priori que le projet évoqué ici soit un des rares possibles.

De son côté, Amiens comprend mal le tracé en chantier. Il lui paraît plus normal de prolonger l’axe Est-Ouest et par conséquent de faire démarrer cette route au pont de Beauvillé, donc, plus au sud. Enfin, les amis des Hortillonnages veulent conserver un havre de paix proche d’une concentration urbaine.

 

Dégager Rivery

Le maire de Rivery est partagé entre ces deux désirs un peu contradictoires. Pour lui, la traversée de sa commune par plus de 2000 véhicules chaque jour devient insoutenable.

Il faut coûte que coûte détourner ce flux dangereux qui va d’Amiens à Corbie. Mais détourner par où ?

Une solution consistant à élargir la rue de l’Abbé de l’Epée avait été envisagée. Mais elle se heurtait au boyau d’étranglement de la rue Florimond-Jourdain et ne résolvait pas le problème totalement car les véhicules devaient de nouveau rattraper l’axe initial.

C’est donc plus au sud qu’il fallait chercher. A travers les hortillonnages. Le nouveau projet se heurte là au second souhait du maire de Rivery et de ses administrés : il faut aussi protéger le site et le maximum de propriétés.

Entre ces deux impératifs, il faudra faire un choix. Pour le moment, le maire ne l’a pas fait apparemment puisqu’il tient à préciser que la discussion véritable n’a pas encore au lieu.

 

La mort des hortillonnages

La discussion n’’a d’ailleurs pas eu lieu non plus à Amiens. M. Leroy, adjoint au maire, reste surpris. Les travaux prévus au niveau du terrain de camping ne lui semblent pas concorder avec la configuration générale des axes existants. Le projet, même s’il avance aujourd’hui à petits pas ne fait pas encore l’unanimité enthousiaste dans les communes intéressées.

Dans les hortillonnages, on est encore plus sceptique. Toutefois, on estime qu’il vaut mieux attaquer dès maintenant, tant que le fleuve goudron peu encore être dévié. L’Association pour la Protection des Hortillonnages que préside M. Nisso (1) pense même que la seule solution souhaitable serait l’abandon de toute construction à travers cette zone de nature originale.

Si le projet sort, l’Association promet d’être très dure. Elle estime que ce serait un véritable crime que de défigurer les hortillonnages et de les inonder de gaz d’échappement et de bruit. Plus de lieu de promenade, de pêche, de culture. Des rieux envasés. Voilà qui, à ses yeux, formerait le triste cortège de cette route.

Qui donc l’emportera : l’auto ou la barque ? Une affaire à suivre de très près en tout cas.

 

(1)     L’Association tient une réunion de soir à 20 heures, 12 rue André, à Amiens. Elle invite les pêcheurs, les propriétaires, les locataires et tous les amis des hortillonnages à se joindre à elle pour la défense des lieux.

 

 

 

La route actuellement à l »’étude (en gros points sur le plan) devrait relier le boulevard de Beauvillé au C.D. 1, à la sortie de Rivery. Son raccordement au boulevard Beauvillé pourrait comprendre deux bretelles. Toutefois, le projet n’ayant pas été porté officiellement à la connaissance de la Municipalité d’Amiens et cette dernière n’ayant pas pu, par conséquent, se prononcer, la partie intéressant le territoire de la capitale picarde reste floue.

A l’autre extrémité, un échangeur devrait permettre « l’accrochage » avec les voies d’accès à la zone d’activité de Camon.

Le projet actuel comprend enfin deux séries de travaux importants : un remblayage pour la traversée de la partie nord des hortillonnages et un ouvrage pour le passage sous la rue Octave-Cayeux (Rivery-Camon).

 

Cette déviation de Rivery pourrait ultérieurement être prolongée pour rattraper l’autoroute de contournement d’Amiens. Précisons que le tracé présenté ici n’est qu’approximatif.


 

Extrait du Courrier Picard du 5.12.1975

 

LES AVIS DES HORTILLONNAGES CONTRE UN PROJET DE ROUTE :

Eviter une tragique erreur

 

« La tragique erreur de l’axe Est-Ouest ne doit passe renouveler. Il faut éviter qu’après le massacre de Saint-Leu, une autre tragique erreur ne vienne détruire les hortillonnages » Saint-Leu, les hortillonnages, c’est toujours le goudron qui est en cause.

Mercredi soir à Amiens, ils étaient très (prés) de 300, propriétaires, locataires, utilisateurs ou amis, à répondre à l’invitation de l’Association pour la protection et la sauvegarde du site et de l’environnement des hortillonnages ». Ils étaient là, d’abord pour tenter de repousser le projet de route qui doit relier le boulevard de Beauvillé à la départementale n°1 (voir CP du 3-12-75) ? Ils refusent de voir l’auto détruire un havre de paix, un site classé – depuis le 4 avril 1972 – un espace de verdure proche de l’agglomération. Ils le refusent également parce qu’ils craignent qu’après la route, la pieuvre de béton ne vienne s’installer à son tour dans ce même secteur.

Le veto d’Amiens

Au cours de cette réunion, M. René Carouge, conseiller général, a souligné que la partie menacée précisément une des plus fréquentées des hortillonnages. S’opposant au projet de route, il propose, pour désengorger Rivery, de dévier la circulation par le nord, en direction deb la route d’Albert. Cette seconde solution aux embarras de Rivery lui paraît, outre la sauvegarde de la nature, plus raisonnable, ne serait-ce que sur le plan financier.

Pour sa part, M. Leroy, adjoint au maire d’Amiens, émet également un véto très net au projet. La résorption des problèmes de circulation dans Rivery ne lui apparaît pas comme l’unique raison du projet. Il y voit également le premier pas vers la construction d’une « pénétrante » dans Amiens. Idée stupide à ses yeux, car cette dernière aboutirait alors à un cul de sac. Le boulevard de Beauvillé ne pouvant recevoir un vaste supplément de véhicules, au nord et au sud.

M. Teillier, conseiller municipal d’Amiens devait enfin rapporter que le maire de cette ville et ses adjoints avaient l’intention de proposer au Conseil de voter contre le principe de la route des Hortillonnages.

 

Deux projets, une réalité

L’Association n’ayant pas été constituée uniquement autour du projet de voirie, mais également dans le bit de redonner vie à un à un patrimoine précieux, M. Devaux a soulevé ensuite les problèmes d’entretien des rieux. Après avoir rappelé le texte d’un décret de janvier 1902 où l’on décrit les travaux à effectuer dans ce domaine, M. Devaux s’est étonné de la situation lamentable du contre fossé du canal de la Somme.

« Menacés par un réseau routier tentaculaire qui cherche à les traverser en plusieurs endroits, mais ce n’est qu’un projet, les hortillonnages sont menacés d’asphyxie par l’envasement et là, ce n’est pas un projet, mais une réalité » devait conclure M. Devaux.

Sur le plan du financement de ces travaux d’entretien, le rapporteur, après avoir évoqué les taxes spéciales affectées à toutes les parcelles, les subventions diverses, a souligné combien les besoins des hortillonnages étaient modestes si on les compare aux crédits d’études et de réalisation d’une route ou aux sommes nécessaires à la mise au gabarit du canal de la Somme.

 

Gare aux grandes surfaces

Au cours dub débat, les participants évoquèrent enfin le danger qui consistait à relier les parcelles entre elles pour instaurer de grandes surfaces. Grandes surfaces consacrées d’abord à la culture, puis, pourquoi pas, à la construction. Un aussi vaste territoire, proche d’Amiens… et « libre apparemment », ne pouvant que susciter les convoitises.

La réunion s’est achevée sur le vote d’une motion réclamant le respect du site. Elle devra être portée à la Préfecture de la région.

 

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NOS COMMENTAIRES

 

A la lecture de ces deux articles parus en décembre 1975 dans notre quotidien régional, nous retiendrons :

-          La mobilisation de l’Association pour la Protection et la Sauvegarde du Site et de l’Environnement des Hortillonnages » (APSSEH), fondée en 1975 à l’initiative de Nisso Pelossof. Cette association toujours très active aujourd’hui, sera agréée par un arrêté préfectoral en date du 1er Juillet 1976, puis, en 1991, reconnue d’utilité publique (décret publié au J.O. du 28 février 1991). 

-          L’implication de quelques élus comme MM Leroy, adjoint au maire d’Amiens et Teillier, conseiller municipal) et René Carouge, alors conseiller général (de 1975 à 2001) qui s’opposèrent fermement au projet, pour des raisons d’ailleurs diverses.

(*) Précisons qu’à l’époque, le maire d’Amiens était René Lamps (de 1971 à 1989, il décéda en 2007), le président du conseil général de la Somme. M. Carouge décéda en 2009, M. Leroy, en 2014)

 

Pour conclure, nous avons à maintes reprises, dans nos articles, rapports ou pages de ce site internet, évoqué la difficulté de gérer nos hortillonnages, cet espace de près de 300 hectares de terre et d’eau qui compte aujourd’hui plus de 1200 propriétaires fonciers, qui, avouons-le, le plus souvent, tardent à se mobiliser pour la sauvegarde d’un site, reconnu comme exceptionnel, sensible et vulnérable.

Qu’il nous soit permis de rappeler que le rôle des associations est primordial. Les plus anciennes, l’Association pour la Protection et la Sauvegarde du Site et de l’Environnement des Hortillonnages d’une part et SOS Hortillonnages d’autre part, partagent les mêmes motivations. Véritables lanceurs d’alerte, par leurs activités et leurs actions (certes, avec des approches et des trésoreries différentes), elles veillent dans l’esprit qui fut rappelé dans les années 1980, par un Syndicat Intercommunal et les services de la DDE de la Somme alors mobilisés, à la préservation du site et à la défense de ses principaux occupants (propriétaires fonciers et locataires des parcelles).

De fortes personnalisés issues de ces associations, Nisso Pelossof, Fernand Tranchant, Raymond Gout… n’ont pas ménagé leur peine pour faire face aux tentations de certains décisionnaires . D’autres ont pris leur suite comme Jacques Thellier, Jean-Michel Sauguret, Michel Lopez… toujours très actifs et prêts à défendre des valeurs…

 

BB, avril 2025


Après cette tentative heureusement avortée, en 1981, sous l'impulsion du Syndicat Intercommunal   chargé à l'époque du développement des Hortillonnages, la DDE de la Somme a retrouvé un peu de raison. Ainsi, pouvait-on lire dans l'un de ses rapports: 

"Pour répondre à l’attrait qu’un tel lieu exerce auprès du public, l’Association de Sauvegarde créée en 1975 par quelques précurseurs amoureux des hortillonnages, décidait d’organiser et d’encadrer des visites guidées dans une partie du site. Elle renouait ainsi avec une tradition : la fréquentation collective du site.

De l’embarcadère aménagé au « Week-end » partent ainsi chaque année plusieurs milliers de touristes qui découvrent avec satisfaction les hortillonnages. C’est aussi un moyen de promouvoir Amiens et sa région."

 

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Diaporama: Extraits de presse


Un combat difficile...

 

à suivre


Un petit "parc urbain" à son nom...

 

Aménagé le long d'une allée , encadré par le long bâtiment en briques rouges de l'école de la vallée et le lotissement actuellement en cours de construction ("l'Archipel"), ce "parc" se compose d'une série de petits bassins d'eau où se développe une végétation aquatique.

Difficile de dire si la signalétique retenue, très discrète (un petit panneau) accroche le regard des passants, profitant de ce raccourci, cette voie urbaine reliant la rue Dejean (quartier de la gare) et la rue de Verdun et débouchant directement sur "l'hortillonne", la passerelle qui enjambe la Somme...

 

 


 

 

Parmi les séquences vidéos accessibles, nous avons revenu celle mise en ligne par Jean-Yves Bourgois.

Lien direct: https://youtu.be/y2F1vK8YIDE?si=bvT5EnT13FI7Ra2q  *

 


Nisso nous livre en 2007 ses mémoires...

 

 En 2007, Nisso Pelossof publia son autobiographie "Nisso, d’une île à l’autre, autobiographie de Nisso Pelossof " (éd. Encrage). Gilles de Robien alors maire d'Amiens et Françoise Van Hecke, vice-présidente du conseil régional avaient préfacé son ouvrage. On leur doit ces beaux mots; pour le premier: " Par son travail de conservation et de protection, ce paradis terrestre a été préservé d'une modernité parfois oublieuse de ses fondations. Il fallut aussi ce regard d'artiste poiur révéler parfois à celles et ceux qui ignoraient tout, la beauté de ces lieux. De nombreuses années avant que le terme de développement durable ne s'impose, l'association de sauvegarde des hortillonnages sut préserver la faune et la flore, les lumières et les parfums rares de ces terres longtemps oubliées. En tant que fondateur de cette association, Nisso en a été le gardien et le transmetteur..." (G. de Robien); ".

Pour la seconde: " Devenus propriétaires d'une parcelle dans les hortillonnages, Nisso et son épouse y vivaient un bonheur simple jusqu'à ce qu'un projet de "rocade-pénétrante" ne menace leur coin de paradis. Alors Nisso, que les difficultés n'ont jamais rebuté, reprit son bâton de pèlerin et, après bien des péripéties, lui qui voulait seulement sauver sa parcelle familiale, lui "l'étranger", fonda une association dont l'action, envers et contre tous, a permis de ressusciter l'un des plus beaux sites touristiques de Picardie, les hortillonnages..." (F. Van Hecke).

BB

 

Nous ne résistons pas au plaisir de reproduire quelques passages extraits de la publication qu'il consacra à ses hortillonnages, intégrée à son autobiographie (combien passionnante, émouvante, qu'il faut absolument lire si l'on porte un intérêt à l'histoire de ce site et à l'histoire de celui qui contribua à le sauver)...


 

Texte extrait de l’ouvrage édité par  Encrage, 2007 : «  Les hortillonnages, une tradition maraîchère :

 

Amiens est bâtie sur un plateau où la craie est omniprésente sous une faible épaisseur du sol, ce qui provoque un rendement moyen des terres cultivées. Le calcaire a été très utilisé comme matériau de construction. Le régime hydraulique de la vallée est régulier et les réserves d’eau sont abondantes.

Située entre Paris et Lille, Amiens est la capitale de la Picardie, et des aménagements de plus en plus nombreux depuis quelques décennies la rendent plus accueillante. Au cœur de la cité, la Somme se divise en plusieurs bras, en un lieu baptisé depuis longtemps la « queue de vache », juste en aval du quai Belu ; quant à ses alluvions, elles ont donné naissance aux hortillonnages (1) 

Nisso

Puis les industries du bord de l’eau (teintureries) ont développé l’habitat ouvrier en bande, près des usines et des petits canaux dans le quartier Saint-Leu. La révolution industrielle est marquée par l’introduction du travail du velours à la fin du XVIII è siècle ainsi que par l’arrivée du chemin de fer au XIX è. Après 1945, l’adduction d’eau met fin au privilège des vallées, ouvrant l’industrialisation du plateau avec la création de deux zones industrielles où la fabrication des pneumatiques, rendue possible par la disponibilité de l’eau, tient une place importante.

En brossant un tableau du passé de la cité il est impensable d’ignorer la cathédrale, ce chef-d’oeuvre de l’art gothique, pratiquement épargné par les deux guerres mondiales et classé patrimoine culturel de l’Unesco. Ce magnifique édifice, Notre-Dame d’Amiens, est en fait, selon les historiens, la troisième cathédrale construite au même endroit… La première, construite vers l’an 850 brûla. La deuxième fut également détruite par le feu en  1218 et c’est en 1220 que les fondements de l’actuelle cathédrale furent établis sur les plans de Robert de Luzarches, un des plus fameux et des plus habiles architectes de son temps… Les pierres employées pour la construction de cet édifice furent extraites des carrières de Croissy et Picquigny et apportées par bateaux sur la Somme.

Les espaces verts qui, de surcroît, sont compris dans les zones humides, sont maintenant devenus des lieux privilégiés pour la détente et l’évasion par rapport au milieu urbain où la priorité appartient aux bâtiments, aux transports en commun, à la circulation automobile. Parmi les villes de France ayant l’avantage de posséder de tels poumons verts, Amiens est restée une agglomération urbaine qui s’est développée en gardant une zone humide, mise valeur par les cultures maraîchères en un espace qui contribua et contribue encore à sa renommée : les hortillonnages.

Autrefois aménagé pour la culture maraîchère, le site des hortillonnages connaît, depuis quelques décennies, une profonde mutation; de nombreuses parcelles ne sont plus cultivées et ont été rachetées par des particuliers qui les ont aménagées en jardins d’agrément, seulement accessibles en barque. Et si, aujourd’hui, quelques-unes des plus grandes sont encore exploitées professionnellement par des hortillons/maraîchers, les jardins d’agrément sont complétés par des constructions individuelles de dimensions et d‘aspects divers.

La nouvelle occupation humaine des sols voit une débauche d’initiatives généreuses de la part des propriétaires qui demeurent encore trop souvent mal, ou pas, informés sur les contraintes physiques et architecturales du site. Face à ce constat, l’avenir des hortillonnages fait encore l’objet d’analyses dont les conclusions, portant sur leur aspect économique, rendraient à les laisser disparaître.

Un projet de route à grande circulation prolongeant l’axe Est-Ouest (rue Vanmarcke) à l’intérieur du site et comprenant également une zone de loisirs navigable ouverte au public fut un temps ébauché. Ce projet retarda l’approbation du schéma d’aménagement et d’urbanisme d’Amiens qui dut être modifié afin de permettre au périmètre du site de rester à l’écart d’un développement urbanisé                                                                                                             .
La nature du site, sa fragilité, la limite de l’urbanisation sur sa périphérie, les espaces de transition, les installations recevant le public constituent les éléments d’un constat qui peut être dressé aujourd’hui à partir de l’historique du site jusqu’à son évolution actuelle.

 

Illustration pages 164-165 : Plan Amiens et les hortillonnages en 1542

Illustrations page 166 : Plans de 1713 et 1820

 

Aussi loin que remontent les plans dont nous disposons (pour comprendre celui de la double page précédente, il faut l’inverser en sens Ouest-Est), tous nous montrent que les hortillonnages, s’ils suivent le cours de la Somme se limitent à un espace compris entre l’embouchure de l’Avre, à l’Est, et l’île Sainte Aragone, à l’Ouest"

.../...                                                                                                          Texte de Nisso Pelossof

à suivre


Reportages 

Nisso PELOSSOF à la tête de son association s'est beaucoup investi dans la promotion de nos Hortillonnages, veillant parallèlement à la préservation du site. Ilo fut très souvent sollicité par les médias venus faire de belles images. Ainsi nous pouvons revoir avec plaisir quelques unes de ses prestations. Nous avons retenu celle accessible à l'INA, une vidéo de 3'32, réalisée le 8 juillet 2004 à l'occasion du passage du Tour de France dans notre région (1)

A bord d'une réplique de la célèbre barque à cornet, l'embarcation typique (et unique) des hortillons, glissant sur nos rieux, il nous commente ce site si particulier en nous distillant quelques informations sur ses origines (quelquefois imprécises ou erronées qui seront malheureusement reprises encore aujourd'hui sur nombre de guides touristiques)

BB

(1) Lien direct: https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i08021866/les-hortillonnages-d-amiens (à tester)


Reportages


PLUS D'INFOS

Sur la barque à cornet: Voir notre article: "Une barque sur los rieux" (Revue Histoire et traditions du Pays des Coudriers, n° 58, Mai 2019)

Sur les origines de nos hortillonnages. Voir notre article: " Les hortillonnages et l'Académie. Contribution de nos académiciens à la notoriété et à l'histoire du site"    Voir notre page: MES ARTICLES  *

Sur la légende des hortillons, donateurs. Voir notre article: "Les hortillons et la cathédrale Notre-Dame d'Amiens(Revue Histoire et traditions du Pays des Coudriers, n° 60, Mai 2021). Voir notre page: MES ARTICLES  *

Sur l'Association de Protection et de Sauvegarde...: Voir notre page: Association Protection ...  *


Un simple clic sur : CONTACT  *

 

Dernière mise à jour de cette page: 17 avril 2025