Afin d'être au plus près des attentes des propriétaires de parcelles, nous proposons nos "Dossiers thématiques".  

 

 

La protection des berges. Restaurer les berges...

 

 

Les berges des parcelles doivent être périodiquement entretenues et consolidées. Pendant longtemps les aires de l’hortillon étaient délimitées par des berges talutées dites « naturelles » qu’il fallait régulièrement restaurer et consolider, en ramenant avec la drague du fond des rieux les sédiments et en les plaquant selon une pente savante…

Le ravinement des eaux de pluie, l’action des rongeurs qui viennent y creuser leurs terriers, les conditions climatiques, le développement des herbes et plantes « sauvages »… fragilisaient les berges qui devaient être souvent refaites et consolidées.

Ces berges dites « naturelles », herbues, étaient encore majoritaires dans les hortillonnages, dans les années 1970

BB

Les hortillonnages dans les années 1970 (Photos B. Bréart)


DIAPORAMA: La protection des berges (Réalisation B. Bréart)


 

Ces berges façonnées selon une technique dite « à l’ancienne », simplement talutées, sont devenues rares, Ce procédé séculaire a été abandonné au profit de méthodes moins contraignantes pour les occupants, plus discutables au niveau de la protection de l’environnement (grillages, tôles, béton, palplanches, …) et de la préservation de la faune.

Les berges dites naturelles non protégées sont soumises à plusieurs facteurs d’érosion : érosion naturelle due aux variations climatiques (gel et dégel), aux actions des rongeurs (terriers), aux remous occasionnés par le passage répété des embarcations (accentuée lors des déplacements effectués par des barques équipées de moteurs thermiques)…

Ces berges façonnées selon une technique dite « à l’ancienne » sont devenues rares, Ce procédé séculaire a été abandonné au profit de méthodes moins contraignantes pour les occupants, plus discutables au niveau de la protection de l’environnement (grillages, tôles, béton, palplanches, …) et de la préservation de la faune.

 

L’association pour la protection et la sauvegarde du site et de l’environnement des hortillonnages, bien connue pour le succès de ses promenades en barques, met à disposition de ses adhérents, propriétaires de parcelles dans le site, ses compétences et son personnel, notamment pour consolider les berges.

Les méthodes mises en place ont fait leur preuve et parmi elles, le tunage.

Pieux en acacia (imputrescible), planches en pin ou en chêne, géotextile, grillage sont par exemple les matériaux utilisés le long des rieux – ou de la Somme et de l’Avre - ayant des débits rapides et des passages fréquents de barques.

La pose successive d’un géotextile, d’un grillage et de planches, le tout maintenu par une série de pieux verticaux enfoncés dans le rieu puis ancrés dans le terrain à l’aide d’une autre série de pieux en acacia assurent le maintien des terres

D’autres techniques, plus légères, peuvent être adoptées, telles que le tressage, le clayonnage ou encore la pose de fascines. Le tressage consiste à protéger le pied de berge avec des branches de saule entrelacées autour de pieux. Le clayonnage emprunte la même technique que le tressage ; plus haut, il est plaqué sur la berge talutée. La protection en pied de berge peut être également assurée par la mise en place d’un ou plusieurs fagots de branches de saule fixées par des pieux… (Source : A.P.S.S.E.H.)

Certaines berges, principalement dans le secteur accessible aux touristes, font l’objet d’un fleurissement (parfois « chargé ») offrant là un nouveau décor aux mille couleurs.

Incontestablement moins esthétiques, mais justifiés pour optimiser la protection de la faune et faciliter par exemple le développement des frayères, quelques aménagements limités à la pose de clayonnages de branches sont mis en place…

 

Sur les techniques de stabilisation des berges et sur l’impact de celles-ci sur la macrofaune* aquatique, nous disposons de deux travaux universitaires intéressants. Ce sont, respectivement les études de Bertrand Van Laere (2010), puis de Coralie Maréchal et Valérie Spicker (1993).

 

Extrait de Van Laere Bertrand : Les techniques de stabilisation artificielle et naturelle de berges utilisées dans les hortillonnages d’Amiens :

 

"Traditionnellement les berges des hortillonnages étaient consolidées en plaquant sur le talus la vase rectiligne des fossés et des rieux. Ainsi les berges et les voies d’eau s’entretenaient-elles mutuellement. Cette technique devait être recommencée chaque année, associée à la fauche de la végétation.

Les berges sont fragiles. Le bord des aires, le plus souvent cerné d’eau, est constamment attaqué. L’action du courant (accélérée par les crues), les dégâts du batillage (provoqué par le vent ou la vitesse des bateaux), la sécheresse (qui délie peu à peu le sol), le développement de certains végétaux, l’action d’animaux tels les rats musqués, les canards ou les poules d’eau, les dégâts causés par l’homme constituent un ensemble de facteurs qui contribuent à éroder les berges en terre.

L’action de l’eau sur les berges peut avoir deux types distincts. Elle est soit mécanique par affouillement et ravinement, soit chimique par dissolution et lessivage. Elle dépend de la vitesse du courant, de son agitation et de la pente des berges : plus la pente est verticale, plus l’érosion est forte. L’érosion s’accentue lorsque le débit de l’eau augmente en provoquant des remous et des vagues                                                       .

Pour éviter la dégradation des berges, plusieurs différentes techniques de renforcement sont utilisées. Le choix de l’une ou l’autre n’est pas anodin en terme de paysage, car chacune modifie l’aspect, la perception du site et les qualités du milieu. Ces différentes méthodes peuvent se regrouper en deux grandes familles :

-           L’utilisation de matériaux artificiels (palplanches, dalles préfabriquées, tôles ondulées, plaques de fibrociment, plaques de ciment, etc.).

L’utilisation de matériaux d’origine végétale (tunage, poteaux, piquets, tressage) ou de végétaux vivants : plantation d’hélophytes ou ligneux ou renforcement (tressage de saules, reexépage en tétards, etc.) auquel peut être lié, l’entretien de la végétation existante.

A.     Tunage type « association » : Un système de tunage est proposé pat l’Association de sauvegarde aux propriétaires qui le souhaitent. Rideau-écran formé de pieux en acacia et de planches en pin. Ancrage à l’arrière par un pieu en acacia. Pose d’un géotextile type bidim et d’un grillage derrière le rideau et recharge en vase extraite des voies d’eau à l’arrière.

Avantages, inconvénients (Voir tableau)

A.     Palplanche : Les palplanches sont des planches métalliques jointives, utilisées en France depuis le début du XXème siècle pour renforcer les berges et créer un soutènement. Elles renforcent l’aspect artificiel des rives et leur emploi doit être limité. Rideau de palplanches métalliques ancrées ou non, battues par une masse. Non ancrées, les palplanches sont stabilisées par les réactions du sol sur la partie enterrée.

Avantages, inconvénients (Voir tableau)

A.      Tôles ondulées ou fibrociment : Les berges en tôles ondulées sont le plus souvent réalisées en autoconstruction sur des parcelles sur lesquelles sont bâtis des cabanons de récupération. L’emploi de matériaux de récupération correspond à un souci d’efficacité immédiate et d’économie. Ecran généralement formé de pieux ou poteaux enfoncés dans le sol, associés à un remplissage en panneaux de tôles ondulées ou de fibrociment.

Avantages, inconvénients (Voir tableau)

A.     Dalles Evergreen : Employées ponctuellement pour renforcer la berge le long du canal de la Somme. Réalisé par la pose sur le pied du talus de dalles Evergreen en béton.

Avantages, inconvénients (Voir tableau)

A.     Clôture ciment : Employée ponctuellement dans certains jardins d’agrément pour renforcer les rives. Ecran généralement formé de poteaux en ciment enfoncé dans le sol, associé à un remplissage en panneaux de ciment.

Avantages, inconvénients (Voir tableau)

A.     Poteaux bois : Emploi ponctuel dans certains jardins d(‘agrément. Réalisé en autoconstruction par la pose jointive de pieux en bois enfoncés dans le sol. Pose à l’arrière d’une protection en dur.

Avantages, inconvénients (Voir tableau)

A.     Technique ancienne de « berges plaquées » : L’hortillon assurait traditionnellement à la fois le curage des fossés et la réfection des berges. Les berges ainsi dressées formaient un talus abrupt et nu, consolidé par la vase plaquée et lissée sur les bords. La croissance de la végétation obligeait à nettoyer les berges et les fossés. Avant les gelées, et plusieurs fois par an, l’hortillon retire la vase des fossés et rieux avec une drague, courte pelle plate à long manche de 3 à 3,5 m.: le dragage.

Avantages, inconvénients (Voir tableau)

A.     Tressage de saules : Constitue une protection immédiate d’un pied de berge érodé, avant même la reprise des végétaux (env. 40 cm hors d’eau). Plantation verticale en pied de talus de 3 à 8 branches vivantes de saule par mètre (diam. 2-5 cm et plus de 2 m de long), dont l’extrémité est plantée terre puis entrelacées autour de 2 pieux de saule par mètre, qui peuvent être vivant également (diam. 3-12 cm et 100-150 cm de long), enfoncés des 2/3. L’arrière du tressage doit être comblé pour que les branches développent des racines qui complèteront l’ancrage du dispositif et la stabilisation définitive de la berge. En cas de reconstitution entière de la berge, le tressage doit être accompagné par des plantations sur la partie supérieure du talus.

Avantages, inconvénients (Voir tableau)

A.     Saules têtards : Stabilisation des berges par le système racinaire. Les besoins en liens et matériaux de base pour la vannerie et les usages divers ont créé cette forme particulière d’entretien des saules que l’on nomme « têtards », essentiellement constituée par les sables blancs.

On peut utiliser les boutures de gros diamètres (jusqu’à 15 cm) et de 2,5 à 3 m de long (1m d’enfoncement et 1,5 à 2 m hors sol) détachées du pied mère et mises en place fin novembre avant le départ de la végétation, qui commence par la floraison en février, pour les saules.

Avantages, inconvénients (Voir tableau)

A.     Berges naturelles stabilisées par la végétation : Ce système peut être employé dans des zones de faible courant, pour renforcer en surface des talus de berge reprofilés ou stabilisés en pied. On le trouve fréquemment dans le jardin des Vertueux.

 

Semis d’un mélange d’espèces locales. On citera également le semis de fleurs de foin déjà utilisée au Moyen-Age, il consiste à répandre 0,5 à 2 kg/m2 de produit de fauche de foin de prairies ou zone humide (roselière, cariçale, baldingéraie,  glycéraie, etc.) en couche de quelques centimètres sur un sol humide ou que l’on arrosera pour éviter que les graines ne s’envolent. Il faut compter 4 à 8 semaines pour que le végétal s’installe, c'est-à-dire 1 à 2 semaines de plus qu’avec les autres techniques, ce qui signifie qu’elle ne peut être utilisée qu’en dehors de contrainte de « rendu immédiat » ou de risque d’érosion"

 

Dégradation de la protection d'une berge réalisée en matériaux composites (planches bois, tôles ondulées...) (Photo B. Bréart)


Réfection des berges naturelles, utilisation de la drague :

 

Plusieurs expérimentations ont été menées, que ce soit celle du Jardin des Vertueux ou plus récemment, celle du musée des hortillonnages (cf. illustration page suivante) ; le but étant d’amener quelques propriétaires de parcelles à perpétuer des pratiques ancestrales.

Le maintien des berges dites « naturelles », c’est-à-dire talutées, périodiquement consolidées, a été assuré pendant des siècles, lorsque nos hortillonnages étaient principalement occupés par les maraîchers.

Equipé de la drague (appelée également haudrague), cette sorte de pelle articulée au bout d’un long manche de dois, l’hortillon remonte la vase prélevée au fond du rieu pour être déposée dans un premier temps sur le bord de la parcelle. La vase sera ensuite plaquée sur la berge ainsi talutée puis lissée avec le dos d’un fer de bêche.

L’exercice ne se fait pas sans peine et l’opération doit être renouvelée régulièrement. Aujourd’hui, seuls quelques jardiniers perpétuent cette pratique ancestrale.

 

Utilisation contemporaine de la drague à bras (Camon) (Photos B. Bréart)


 

Expérimentation au Jardin des Vertueux

Cette technique éprouvante longtemps pratiquée par des générations d’hortillons n’est plus guère pratiquée aujourd’hui que par quelques irréductibles propriétaires. Au Jardin des Vertueux (1), Paco dans le cadre de ses animations, s’est exercé avec son équipe à cette technique.

 

PLUS D'INFOS: Voir notre page: Jardin des vertueux

à suivre

Expérimentation au Musée des Hortillonnages (Rivery) (Photos B. Bréart)


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Dernière mise à jour de cette page: 18 mars 2025